Le Maroc face à l’injustice : Une comédie tragique en plusieurs actes
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Par Moulay Ben Silence
Dans le grand théâtre du monde, une nouvelle pièce se joue : la récente décision de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) s’abat tel un éclair sur un ciel orageux, illuminant les méandres d’une injustice déconcertante. Cette sentence, qui conteste la souveraineté du Maroc sur ses provinces du sud, n’est pas seulement un coup dur pour le royaume ; elle s’avère être un coup de massue qui fait chanceler ses ambitions commerciales, tel un château de cartes emporté par un souffle glacial.
Ah, l’ironie ! Plus de 64 % des échanges marocains s’effectuent avec l’UE, et voilà que cet édifice chancelant s’effondre. Le royaume, s’étant adonné à un lobbying coûteux, prend conscience, avec désespoir, d’avoir été dupé par des députés européens, des illusionnistes promettant monts et merveilles. Si ce n’était pas si tragique, on pourrait presque en rire, comme devant une comédie où le héros, après avoir caressé l’espoir, se heurte à un mur de désillusions.
Les États européens, partenaires aux visages multiples, se livrent à un ballet hypocrite. Pedro Sánchez, ce personnage aux promesses flamboyantes, feint d’ignorer la douleur de cette terre, tandis que la France et l’Allemagne dansent sur leurs propres partitions. Le Maroc, tel un joueur d’échecs maladroit, ne fait que déplacer des pions sur un échiquier qui lui échappe.
Dans ce contexte, le ministère des Affaires étrangères marocain, dans un communiqué désespéré, prétend n’être nullement affecté par cette décision. Mais comment pourrait-il ignorer le prix de cette tragédie qu’est le lobbying ? Ce même gouvernement qui persécute des blogueurs pour un tweet audacieux se présente en champion de la justice internationale. Quelle comédie !
Le cynisme atteint des sommets lorsque certains analystes, bercés par leur naïveté, célèbrent la décision de la CJUE, croyant que les ressources du Sahara trouveront refuge sur les marchés nationaux. Cela évoque l’histoire d’un ancien général de l’armée marocaine, qui, de son temps, expédiait le meilleur de sa pêche à des navires étrangers, laissant son peuple sur le quai de l’indifférence. Un passé qui se répète pour ceux qui négligent de le relire.
À l’opposé, le régime marocain, maître en répression, feint l’innocence. Combien de vies brisées dans cette danse macabre de l’injustice ? L’injustice qui frappe le peuple marocain, à l’heure où il se soulève pour la Palestine, révèle l’hypocrisie de ceux qui se proclament protecteurs de la liberté. La marche du 6 octobre à Rabat, loin d’être une simple manifestation, était un cri de révolte, un avertissement à un gouvernement qui pourrait s’effondrer sous le poids de son propre mépris.
Dans les artères de la ville, une marée humaine s’est déversée, un kaléidoscope d’âges et de convictions chantant pour la libération des peuples opprimés. Mais le silence du gouvernement, ce mépris éloquent, plane sur cette ferveur populaire. Tandis que les drapeaux palestiniens et libanais flottent, le Makhzen, maestro de la manipulation, manœuvre en coulisse.
Il est temps de se demander : le Maroc joue-t-il la comédie ou s’agit-il d’un véritable drame ? Entre l’appel à la solidarité internationale et la répression des voix dissidentes, la double morale du régime n’a d’égale que sa lâcheté. « Celui qui ne sait pas qu’il est esclave ne rêve pas de liberté. » Ces mots résonnent, car le peuple, en s’éveillant, se dresse contre l’appareil répressif qui affiche un sourire carnassier.
À l’aube d’un nouveau jour, peut-être serons-nous tous les architectes d’un changement tant espéré. Les jeunes, ceux que l’on croyait irrécupérables, se dressent comme des statues de marbre. Ils ont goûté à la liberté, et ce parfum ne se perdra pas.
Mais, encore une fois, la réponse du gouvernement est implacable : silence et répression douce. Que se passera-t-il si la rue, cet être à mille têtes, s’éveille enfin ? Car le peuple a une histoire à écrire, où l’hypocrisie ne pourra plus faire illusion. Voilà un tourbillon de révolte qui pourrait bien emporter le gouvernement, comme l’a souligné Maitre Jamai dans sa lettre ouverte au Chef du gouvernement, cette fois-ci sans le moindre rire.