A Rabat, Fin d’année et fin droit à la grève
La Front marocaine contre les lois sur la grève et la retraite (Front) a organisé, ce dimanche 29 décembre 2024, une marche à Rabat. En cette fin d’année, ces militants résistent contre l’enterrement du droit à la grève. Reportage.
À la place Bab El Had, différents syndicats militants se sont rassemblés ce dimanche à 10h30 pour exprimer leur opposition à cette loi, qu’ils qualifient de menace aux droits des travailleurs. Cette marche a été interdite vers le siège du Parlement s’est transformée en sit-in après son interdiction par les autorités.
« Une loi qui réprime le droit de grève »
Le Front se mobilise suite au vote au parlement. La Chambre des représentants a adopté, le mardi 24 décembre, à la majorité, le projet de loi organique définissant les conditions et les modalités d’exercice du droit de grève dans son ensemble, tel qu’il a été modifié et approuvé par la Chambre, avec 124 voix pour et 41 contre.
Pour sa part le Front se mobilise pour « réaffirmer son rejet au projet de loi sur la grève qu’elle qualifie de « restrictif », dénonçant ses « graves » conséquences sur l’exercice de ce droit dans les secteurs privé et public, ainsi que pour condamner le « démantèlement des régimes de retraite »s.
Les manifestants ont scandé des slogans rejetant certaines dispositions du projet de loi sur la grève, tout en critiquant la réforme des retraites, qu’ils associent au « triptyque maudit : travailler plus, cotiser plus, bénéficier moins ». Ils ont ainsi alerté sur le risque de « détruire les acquis restants et de porter atteinte aux droits fondamentaux des travailleurs, des retraités et de leurs ayants droit, ainsi qu’à leur droit à un niveau de vie décent ».
Le front national regroupant plusieurs organisations syndicales a exprimé son rejet de toutes les atteintes au droit de grève.
Le front national regroupant plusieurs organisations syndicales a exprimé son rejet catégorique de toute « atteinte ou législation régressive » visant les droits et acquis historiques de la classe ouvrière et des travailleurs en général. Il a fermement condamné ce qu’elle qualifie de « réforme des régimes de retraite » orientée vers leur privatisation et la limitation des pensions de retraite, estimant qu’il s’agit d’une mesure « destructrice, portant atteinte aux droits fondamentaux des travailleurs, des retraités et des pensionnés ».
« Ces deux projets de loi sont une atteinte aux droits des travailleurs »
« Ces deux projets de loi sont une atteinte aux droits des travailleurs. Cette marche a pour but d’exprimer notre rejet ferme de ces textes », déclare Abdelhamid Amine, militant syndicaliste. Il ajoute : « Les syndicats ont exprimé leur opposition, mais cela ne suffit pas. Il est crucial que tous ceux concernés se mobilisent ensemble pour faire échouer ces projets. La manifestation d’aujourd’hui s’inscrit précisément dans cette dynamique. »
De son côté, Hanane Al Fadil, membre de la FNE, a déclaré que cette loi vise à priver les travailleurs de leur seule arme : le droit de grève, essentiel pour défendre leurs droits et préserver leurs acquis.
« Ces mobilisations sont menées pour préserver la dignité et la liberté des travailleurs ».
« Les grèves sont menées pour préserver la dignité et la liberté des travailleurs, ainsi que pour garantir une justice salariale. Cette loi régressive cherche à anéantir la vie syndicale et le militantisme des travailleurs. Elle ne sert que les intérêts du patronat, et non ceux des travailleurs. Le gouvernement n’a jamais répondu à nos revendications depuis plus de 15 ans. Aujourd’hui, nous sommes ici pour exprimer notre rejet total de cette loi. Nous réclamons une loi juste, qui place la dignité des travailleurs au premier plan », affirme Mohamed El Amine Sadouq, Directeur du Comité des techniciens marocains.
« Cette loi ne sert que les intérêts du patronat, et non ceux des travailleurs ».
Le Front, fondé pour « faire face aux législations régressives, répressives et restrictives », a dénoncé lors de cette manifestation qui a duré plus de deux heurs « la confiscation du droit de grève, les restrictions sur les libertés publiques et syndicales, ainsi que l’accentuation de la précarité, de l’instabilité professionnelle et de la flexibilité accrue dans les relations de travail, entraînant privations, exploitation, servitude et domination ».