MADAR : Penser les migrations au Maghreb
Ce mercredi 16 janvier , le Festival Madar prend place au Cinéma Ritz de Casablanca. Jusqu’au 17 janvier, il explore les thématiques des migrations et des déplacements au Maghreb à travers des conférences, des projections et des expositions. Les détails.

Dans un cadre artistique au Cinéma Ritz de Casablanca, le Festival MADAR a débuté ce mercredi 15 janvier. Mariangela Palladino, chercheuse principale du réseau MADAR a inauguré l’événement avec un discours inspirant qui a retracé cinq années de recherches intenses.
Enjeux migratoires au Maghreb : une réflexion approfondie
« Ce projet explore les mobilités humaines à travers le Maghreb, en mettant l’accent sur les expériences des déplacés ainsi que sur les dynamiques éthiques et politiques des déplacements »
Mariangela Palladino, chercheuse principale du réseau MADAR.
« Ce projet explore les mobilités humaines à travers le Maghreb, en mettant l’accent sur les expériences des déplacés ainsi que sur les dynamiques éthiques et politiques des déplacements », souligne, Mariangela Palladino dans son allocution.
Elle a insisté sur l’importance du travail collaboratif entre institutions académiques et organisations de la société civile au Maroc, en Tunisie, en Algérie et au Royaume-Uni.
Palladino a évoqué les défis majeurs rencontrés par l’équipe, notamment les pressions politiques et les tensions internationales, tout en soulignant la nécessité de renforcer la coopération pour des partenariats plus équilibrés. « Maintenir une collaboration à l’échelle internationale est un véritable défi, surtout face aux obstacles bureaucratiques et politiques, mais ces difficultés n’ont fait que renforcer notre engagement », affirme-t-elle.

« L’art a cette capacité unique d’atteindre là où les méthodes conventionnelles échouent. »
Mariangela Palladino, chercheuse principale du réseau MADAR.
Et d’ajouter en mettant l’accent sur le rôle de l’art dans la recherche et le plaidoyer dans les questions migratoires « L’art a cette capacité unique d’atteindre là où les méthodes conventionnelles échouent. »
« La force du réseau MADAR réside dans sa capacité à rassembler des personnes de différents horizons : de l’Europe, du Maroc, de la Tunisie, de l’Algérie, et de divers secteurs, notamment des journalistes, des chercheurs et des acteurs de la société civile »
De Sa part, l’anthropologue Sébastien Bachelet, souligne qu’« aujourd’hui marque la concrétisation de cinq années de travail, de partage d’histoires et d’expériences sur les questions de migration et de vulnérabilité dans la région. Ce qui est essentiel à souligner à travers ce festival, c’est l’importance de créer des liens et des connexions au-delà des frontières. La force du réseau MADAR réside dans sa capacité à rassembler des personnes de différents horizons : de l’Europe, du Maroc, de la Tunisie, de l’Algérie, et de divers secteurs, notamment des journalistes, des chercheurs et des acteurs de la société civile ».
Bachelet explique qu’il est crucial de noter que les questions migratoires, aujourd’hui tellement idéologisées et polarisées, sont accompagnées de discours haineux et de violences exacerbées, amplifiées par des politiques cyniques impliquant à la fois des acteurs étatiques et non étatiques. Ces derniers collaborent souvent pour filtrer, stopper, voire empêcher certaines catégories de personnes. Il souligne ainsi l’importance de travailler au-delà des frontières pour trouver ensemble des solutions qui ouvrent la mobilité et la circulation humaines, tout en respectant les droits et la dignité des individus.
Le festival propose des panels thématiques et des performances artistiques qui éclaireront la complexité des mobilités dans la région. Le premier panel, intitulé « Liberté de circulation, d’installation et d’insertion », a réuni des experts pour discuter des conditions dans lesquelles les populations migrantes circulent et s’intègrent dans le Maghreb, avec un focus sur les politiques et pratiques qui facilitent ou entravent ces mobilités.
Le deuxième panel, « Protection, vulnérabilités et droits », se penchera sur les systèmes de soins et les dynamiques de protection des populations vulnérables. Les intervenants aborderont les régimes de protection des migrants confrontés à diverses vulnérabilités au Maroc, en Algérie et en Tunisie, en tenant compte des facteurs sociopolitiques, économiques et culturels qui exacerbent ces inégalités, ainsi que des différences vécues selon des marqueurs sociaux tels que la race, le genre, l’orientation sexuelle et l’âge. Ce panel aura pour objectif d’évaluer l’efficacité des droits existants pour atténuer ces vulnérabilités.
Réfléchir la migration à travers l’art

De plus des panels et tables rondes, le festival met en lumière les enjeux migratoires à travers une programmation cinématographique puissante et militante. Le documentaire En suspens de Francesco Clerici plonge dans les parcours difficiles des migrants en provenance d’Afrique subsaharienne, tandis que le court-métrage Field Flowers de Houssem Ghades, en collaboration avec l’association Awledna, met en avant l’engagement de la société civile tunisienne pour soutenir les migrants et porter leur voix pour relater les violences qu’ils subissent et leur vécu.
D’autres part, l’exposition Organic Knowledge de The Minority Globe propose une expérience qui pousse à une réflexion profonde sur les défis de la migration. Des installations telles que « Éléphant en Méditerranée » et « Témoigner pour agir » permettent au public d’accéder à des témoignages uniques et émouvants sur les vies et les trajectoires migratoires. Le programme se poursuit aujourd’hui…