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Canon à eau et matraques pour les infirmiers et les médecins

Les forces de l’ordre ont interdit violemment une manifestation des professionnels du secteur de la santé ce matin à Rabat en utilisant des canons à eau, ce qui a entraîné des blessures parmi les manifestants et l’arrestation de certains d’entre eux. Reportage.

Ce 10 juillet 2024 restera un douloureux souvenir pour les professionnels de la santé publique au Maroc. En cette matinée, les professionnels de la santé se sont réunis à Rabat afin d’organiser une marche nationale dans le cadre de leur programme national de mobilisation portant sur un cahier revendicatif exigeant du gouvernement, « augmentation de salaires, révision de certains statuts et refonte d’une partie du Statut unifié des fonctionnaires du ministère ». Ce mouvement social dure depuis plusieurs mois. Avant le début de la marche, qui devait partir de la place Bab El Had en direction du Parlement, les forces de l’ordre ont encerclé les manifestants pour les empêcher d’atteindre le Parlement. Face au refus des manifestants de se conformer à cet ordre, les forces de l’ordre ont décidé de les disperser en utilisant des canons à eau. S’ensuit une dure journée où les arrestations se comptent par dizaine.

L’Etat blesse les médecins et infirmiers

Nous sommes à Bab El Had, après l’interdiction de la marche les manifestants ont observé un sit-in dans la place en dénonçant « la politique de gouvernement en réponse à leur revendication » et demandent « la libération de leur collègue pour quitter la place », insistent les organisateurs. Le mouvement actuel dans le secteur de la santé publique est marqué par « l’arrêt des examens médicaux spécialisés dans les hôpitaux, la collecte des revenus des factures des services rendus, et toutes les permanences à caractère administratif », expliquent le Coordination des syndicats du secteur.

Des slogans ont été scandés lors du sit-in :« Libérez mes collègues », « Gouvernement de l’échec », « Malgré les retenus sur les salaires, notre combat continue ». Des signes de victoire et des zéros symbolisant la politique du gouvernement étaient également brandis.

« Nous ne quitterons pas avant de savoir ce qui se passe avec nos collègues. C’est honteux de voir ce genre de comportement envers les professionnels de santé. Nous ne baisserons pas les bras et si nos revendications ne sont pas satisfaites, les grèves continueront »

« Nous ne quitterons pas avant de savoir ce qui se passe avec nos collègues. C’est honteux de voir ce genre de comportement envers les professionnels de santé. Nous ne baisserons pas les bras et si nos revendications ne sont pas satisfaites, les grèves continueront », souligne un professionnel de la santé au micro de ENASS.ma

Sit-in du personnel de la santé le 10 juillet à Rabat. Crédit photos : ENASS

« Ce sit-in fait suite à l’interdiction de la marche prévue aujourd’hui à Rabat, une interdiction qui a été brutalement imposée par les autorités marocaines. Nous dénonçons cette forme de répression envers le personnel de santé », affirme Asmae Nouiouar, sage-femme, à ENASS.ma

Et d’ajouter : « Notre domaine est marginalisé, et aujourd’hui nous avons été réprimés avec toutes sortes de violences : canons à eau, violences physiques, arrestations. Alors que nous attendions des augmentations, nous avons reçu ce genre de traitement. Aujourd’hui, nous présentons nos excuses aux citoyens pour ces grèves, mais il faut qu’ils sachent que ces manifestations sont dans leur intérêt. Nous ne voulons pas que les hôpitaux publics disparaissent et soient privatisés».

Grève générale le 15 juillet

Sit-in du personnel de la santé le 10 juillet à Rabat. Crédit photos : ENASS

La Coordination syndicale nationale du secteur de la santé a exprimé sa forte indignation face à l’ignorance des revendications des travailleurs de la santé par le gouvernement et à son blocage de la mise en œuvre des accords conclus avec les syndicats.

Selon la coordination, dix militants du secteur de la santé sont toujours détenus dans les postes de police. La coordination syndicale des huit syndicats a considéré que l’interdiction et la répression de leur marche pacifique, annoncée au préalable dans un programme de lutte établi,« constitue une atteinte à leurs droits légitimes de manifester garantis par la force de la Constitution et de la loi marocaines».

Cette marche vient comme suite du programme de grève entamée par  la coordination syndicale, qui regroupe huit syndicats de la santé, et qui avait annoncé précédemment une grève nationale générale de trois jours à partir de ce mardi jusqu’au jeudi 11 juillet, en exemptant les services d’urgences et de réanimation.

Sit-in du personnel de la santé le 10 juillet à Rabat. Crédit photos : ENASS

Selon la coordination syndicale des huit syndicats, à partir du lundi 15 juillet, elle entamera une grève qui inclura tous les programmes de santé et leurs rapports, ainsi que le boycott des unités mobiles et des caravanes médicales, et le programme des interventions chirurgicales à l’exception des urgentes.

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