Rabat : Sit-in réprimé des étudiants en médecine
Devant le CHU de Rabat, un sit-in d’étudiants en médecine, soutenu par les médecins résidents et internes, a été réprimé par les forces de l’ordre. Ce rassemblement visait à dénoncer la répression de la veille contre les étudiants et leurs parents. Récit d’un après-midi de répression contre les blouses blanches.
À 13h30 devant l’hôpital CHU Souissi de Rabat, une poignée de journalistes est présente, ainsi que quelques véhicules des forces de l’ordre. Peu à peu, des étudiants en blouses blanches arrivent par le pont. Les forces de sécurité commencent à s’interroger sur la situation, tandis que l’agent de sécurité de l’hôpital autorise l’entrée de quelques personnes. Cependant, après une brève discussion entre les forces de l’ordre et l’agent de sécurité, l’accès est restreint, et plus aucun étudiant ne peut entrer, des médecins en garde seront interdits d’entrée.
Après une brève discussion entre les forces de l’ordre et l’agent de sécurité, l’accès est restreint, et plus aucun étudiant ne peut entrer.
Les étudiants continuent d’affluer, enfilant leurs blouses, accompagnés de quelques parents, tous visiblement marqués par les événements de la veille. Salma, représentante des étudiants en médecine, explique : « Nous sommes ici en réponse à l’appel de nos collègues médecins résidents du CHU de Rabat, pour exprimer notre solidarité et dénoncer la répression, la violence, et les arrestations que nous avons subies hier. »
« Notre sit-in d’hier était pacifique, tout comme celui d’aujourd’hui, mais ils nous ont interdit l’accès à l’hôpital, et même aux urgences. »
Elle poursuit : « Notre sit-in de la veille était pacifique, tout comme celui d’aujourd’hui, mais ils nous ont interdit l’accès à l’hôpital, et même aux urgences. Nous ne comprenons pas ce traitement qui ne fait qu’augmenter notre frustration. Nous sommes des enfants issus de milieux modestes et avons travaillé dur pour mériter notre place. Nous ne voulons pas quitter notre pays, nous souhaiterions y travailler pour servir nos concitoyens. Alors, pourquoi sommes-nous ainsi traités? »
Les étudiants interpellés se retrouvent très souvent en garde à vue. Selon leurs camarades, ils devraient être présentés demain devant le procureur du roi.
À 14h, les fourgonnettes et voitures des forces de l’ordre affluent en masse, prenant position autour des étudiants. Des instructions sont données pour ne laisser personne sur place. Malgré cela, les étudiants, rassemblés pacifiquement, restent solidaires, répondant à l’appel des médecins résidents pour dénoncer la répression et la violence subies la veille.
Un cordon de policiers, matraques à la main, se forme avec précision. Les chefs supervisent la situation tandis que les étudiants scandent leurs slogans avec force. « Celui avec la blouse blanche, ramenez-le-moi ! » ordonne un chef de police, désignant Akif Yasser, représentant des étudiants en médecine, qui était en pleine interview. Soudain, des policiers interpellent violemment sous les cris des étudiants : « Quelle honte, libérez les étudiants ! ».
Akif Yasser tente de résister, mais il est rapidement maîtrisé par quatre agents et embarqué dans une fourgonnette. Les arrestations se poursuivent et deux autres étudiants sont appréhendés sous les acclamations solidaires de leurs camarades.
Entre-temps, les médecins résidents quittent l’hôpital pour rejoindre leurs collègues, mais la police intervient de nouveau, tentant de disperser la foule. « Je ne veux voir personne ici ! » crie un chef de police avant de lire haut et fort l’ordre d’interdiction du rassemblement. Les forces de l’ordre encerclent les étudiants, formant un rang devant et un autre derrière eux.
« Dignité pour les médecins, dignité pour les étudiants en médecine ! » hurlent les étudiants, scandant leur frustration et réclamant la liberté pour leur représentant et leurs collègues.
Malgré la fatigue, visible dans les regards, les étudiants restent déterminés à défendre leur droit à une protestation pacifique et à exprimer leurs revendications.
Les arrestations continuent, accompagnées de violence. À l’heure où ces lignes sont écrites, les étudiants interpellés étaient en garde à vue.
Ce matin du vendredi 27 septembre, les 28 étudiants en médecine arrêtés se sont présentés devant le procureur du roi à la Cour de première instance de Rabat. Accusés de «rébellion», de «non-respect des ordres de l’autorité», ainsi que de «rassemblement non autorisé et non armé», ils devront comparaître lors d’une audience prévue le 23 octobre prochain. La défense a été dirigée par le bâtonnier de Rabat Aziz Rouibah.
Entre-temps, une vague d’indignation déferle sur les réseaux sociaux, transformés en plateforme de solidarité envers ces futurs jeunes médecins.
Des sit-ins se sont multipliés hier également à Casablanca et à Tanger, où les étudiants se sont vus refuser l’accès à leurs facultés. Cependant le ministère et dans une démonstration d’indifférence glaçante, publie les dates des examens et somme les étudiants de les passer, ignorant totalement les événements en cours.