From ground Zero: Gaza scène de crimes
From Ground Zero est une collection de courts-métrages illustrant la vie des Palestiniens pendant le génocide à Gaza. Dirigée par le cinéaste palestinien Rashid Masharawi, cette collection a fait sa première apparition au Maroc lors de la 29ème édition du Festival du Film d’Auteur à Rabat.
La collection présente 22 récits de cinéastes basés à Gaza, réalisés dans des conditions éprouvantes de bombardements incessants. Ces réalisateurs bravent le danger pour porter ces tragédies à l’écran.
Tragédies humaines à Gaza
Ces courts métrages offrent un regard sur la réalité actuelle à Gaza. From Ground Zero visent à offrir une perspective plus personnelle de la situation à Gaza, en mettant en avant des histoires racontées par les Gazaouis eux-mêmes.
From Ground Zero vise à offrir une perspective plus personnelle de la situation à Gaza, en mettant en avant des histoires racontées par les Gazaouis eux-mêmes.
Lors de la projection du film à Rabat ce dimanche 10 novembre, Rashid Masharawi a exprimé sa satisfaction de voir le film projeté lors du festival et a affirmé que sa mission était de le diffuser dans le monde entier.
« Ces films ont été écrits, tournés et produits en pleine guerre, dans une période de destruction qui continue encore ».
Rashid Masharawi producteur.
« Ces films sont écrits, tournés et produits en pleine guerre, dans une période de destruction qui continue encore », a-t-il déclaré. « Ce fut une période très difficile. De nombreux réalisateurs ont dû se déplacer d’un endroit à l’autre pour mener leurs projets à bien. Certains ont vu leurs maisons bombardées et ont dû vivre sous une tente. D’autres ont perdu la moitié de leur famille, mais ont tout de même poursuivi le projet. Nous avons décidé de raconter des histoires non seulement personnelles, mais aussi de les faire vivre cinématographiquement. ».
Masharawi et l’équipe de 22 cinéastes ont réussi à atteindre cet objectif. Les récits présentés dans From Ground Zero couvrent une large gamme d’émotions, allant de la résilience et de la tragédie à l’espoir et à la recherche de joie dans des lieux inattendus. Les films intègrent également des éléments surprenants, tels que l’animation, la marionnette et le stop-motion.
Un des films nommé, Désolé Cinéma, Ahmed Hassouna, un cinéaste vétéran de la communauté de Gaza, présente une lettre d’excuse à l’art cinématographique, expliquant qu’il ne peut plus continuer à travailler, car il doit assurer la survie de sa famille. Ce film est à la fois un hommage émouvant au cinéma et un regard poignant sur la vie d’un créateur en pleine guerre.
« Au départ, Hassouna ne trouvait pas la force de réaliser ce film, même si cela marquerait sa première mondiale en tant que cinéaste», explique Rashid Masharawi
Et d’ajouter: « Hassouna n’a jamais eu l’occasion de présenter ses films en festivals ni même de les voir sur grand écran. Quand je lui ai parlé du projet, je lui ai dit que c’était sa chance et que je lui garantissais une diffusion mondiale. Mais il a refusé. Il venait de perdre son frère quelques jours auparavant. De plus, il vit dans le nord de Gaza, une zone inaccessible pour les ambulances ou la protection civile. La seule manière pour eux de recevoir de la nourriture et des soins médicaux est par largage aérien. »
Ainsi, l’un des films les plus bouleversants de la collection est Peau douce, où des enfants gazaouis partagent leur expérience de la guerre. Ce documentaire animé explore la guerre à travers leurs yeux : des enfants dont les parents inscrivent leurs noms sur leurs corps pour qu’ils puissent être identifiés en cas de décès sous les bombardements.
« Quand ma mère a écrit nos noms sur nos bras et nos pieds, elle a pleuré, et nous aussi », raconte une petite fille dans le film.
«Un peuple qui réinvente la vie »
«Eliwa ne voulait pas se concentrer sur les récits de destruction et de tragédie, mais plutôt sur cette capacité humaine à rechercher la lumière dans les moments les plus sombres».
La collection offre également un regard sur la résistance du peuple palestinien. Un aspect que Hana Eliwa met particulièrement en lumière. Masharawi souligne qu’ «Eliwa ne voulait pas se concentrer sur les récits de destruction et de tragédie, mais plutôt sur cette capacité humaine à rechercher la lumière dans les moments les plus sombres». Son court-métrage No, incarne parfaitement cette approche. Il met en scène un groupe de jeunes Gazaouis chantant des hymnes de résistance et d’espoir, apportant une note de joie et de renouveau dans un paysage dévasté.
«Aujourd’hui, dans un contexte où l’on tente de changer et de falsifier la réalité, il est essentiel de raconter ces histoires authentiques à travers les voix de Gaza : Toutes ces histoires font partie de la réalité »,
« Aujourd’hui, dans un contexte où l’on tente de changer et de falsifier la réalité, il est essentiel de raconter ces histoires authentiques à travers les voix de Gaza: Toutes ces histoires font partie de la réalité », a affirmé Masharawi.
Et d’ajouter : « Le cinéma est très important pour moi. J’ai commencé à faire du cinéma dans les territoires palestiniens occupés il y a plus de 40 ans».
Le cinéma ne doit pas seulement être une réaction, il doit être une action.
« Je dois protéger le cinéma de l’occupation israélienne. Le cinéma ne doit pas seulement être une réaction, il se doit d’être une action. Nous Palestiniens, sommes une nation. Nous avons une histoire, une langue, une musique, des couleurs, de la nourriture : nous possédons de nombreuses choses qui sont notre propre patrimoine, elles nous appartiennent. Toutes ces richesses peuvent constituer un terreau fertile pour le cinéma.», conclut-t-il.
Ces 22 films témoignent non seulement de l’intensité du génocide à Gaza, mais aussi de la résilience et de l’espoir des habitants. À travers les images de ruines, de tentes, de personnes faisant la queue pour l’eau et le pain, images de déplacements forcés, de bombardements incessants et du bruit insupportable des drones, From Ground Zero est moins un voyage à travers l’enfer de guerre qu’une affirmation de la vie.