Migrations : hymne à la diversité et aux droits
Ce 18 décembre, la Bibliothèque nationale a vibré au rythme des célébrations de la Journée mondiale des migrants, orchestrées par l’OIM Maroc. Reportage.
Entre stands artisanaux, saveurs culinaires, performances artistiques et débats, l’événement célèbre les richesses et les contributions des migrants dans une atmosphère festive et pleine de partage.
Pendant toute une journée, l’OIM Maroc dédie l’événement à la célébration de la Journée internationale des migrants au sein de la Bibliothèque nationale de Rabat. Cet événement réuni des migrants, des membres de la société civile, des militants, des ONG et des diplomates, sous le thème de l’année : « Pour une migration sûre et choisie pour tous ».
Une entrée aux parfums d’Afrique
Dès l’entrée, le visiteur était accueilli par une explosion de couleurs et de senteurs. Les stands proposent des produits artisanaux issus de communautés africaines. En haut, les arômes de plats africains flottent dans l’air, invitant à une découverte culinaire riche en saveurs.
À 15 heures, débute l’événement: musique, danses et spectacles de théâtre s’enchaînent dans l’espace intérieur. À travers leurs performances, les artistes partagent des récits d’exil, de résilience et d’identités plurielles, transmettant des messages d’espoir et d’inclusion.
«Vers une migration sûre et choisie pour tous»
Parallèlement à cette immersion culturelle, des témoignages et des échanges animés ont permis de poser un regard sur les enjeux des migrations
Laura Palatini, cheffe de mission de l’OIM Maroc a inauguré la soirée en rappelant l’importance de la Journée internationale des migrants, proclamée le 4 décembre 2000 par l’Assemblée générale des Nations Unies. « Depuis lors, cette date est l’occasion annuelle de célébrer les contributions inestimables des migrants à nos sociétés et de promouvoir une meilleure compréhension de la migration. ». Elle souligne que les migrations sont un phénomène naturel, aussi ancien que l’humanité elle-même. « Elles ont façonné l’histoire et continuent d’être un moteur central du développement humain. Les gens ont toujours voyagé et migré, et ils continueront à le faire, poussés par la quête d’opportunités et le désir de construire un avenir meilleur. »
Bien que souvent perçue à travers le prisme des défis et des crises, la migration représente aussi une immense opportunité. Reprenant les mots du secrétaire général des Nations Unies, elle affirme : « La migration n’est pas un problème à résoudre, mais une opportunité à accueillir. »
« Les migrants ne sont pas de simples chiffres dans des statistiques. Ce sont des individus porteurs d’histoires, de rêves et d’aspirations. »
Laura Palatini, Cheffe de mission OIM Maroc.
« Les migrants ne sont pas de simples chiffres dans des statistiques. Ce sont des individus porteurs d’histoires, de rêves et d’aspirations. » Elle rappelle que « leur présence enrichit les sociétés d’accueil par leur culture, leur créativité et leur diversité, contribuant à bâtir des communautés plus inclusives et dynamiques ».
«Nous devons également protéger leurs droits et leur dignité. Trop souvent, les migrants sont confrontés à des obstacles, à la stigmatisation, voire à la violence. Il est de notre devoir collectif de garantir que chaque personne puisse vivre avec respect et dignité. »
Laura Palatini, Cheffe de mission OIM Maroc.
Palatini souligne également le fait qu’accueillir les migrants ne suffit pas. «Nous devons également protéger leurs droits et leur dignité. Trop souvent, les migrants sont confrontés à des obstacles, à la stigmatisation, voire à la violence. Il est de notre devoir collectif de garantir que chaque personne puisse vivre avec respect et dignité. »
Elle conclut en saluant les efforts des organisations de la société civile et des communautés qui, par leur engagement, contribuent à créer des ponts entre les cultures et à promouvoir des politiques inclusives. « Cette Journée internationale des migrants nous rappelle l’importance de promouvoir des politiques d’inclusion sociale, de lutte contre la discrimination et d’encouragement au dialogue interculturel. Construisons des ponts, et non des murs. »
Pour sa part, Fouad Kadmiri, Directeur des Affaires Consulaires et Sociales au Ministère des Affaires Étrangères, de la Coopération Africaine et des Marocains Résidents à l’Etranger, a souligné que « La migration n’est pas un fait nouveau, mais une histoire aussi ancienne que l’humanité. Depuis toujours, des personnes quittent leur pays d’origine pour chercher de meilleures conditions de vie ou échapper à des crises. »
« La migration n’est pas un problème à résoudre, mais une réalité que nous devons façonner ensemble pour qu’elle devienne un choix, et non une nécessité»
Fouad Kadmiri, Directeur des Affaires Consulaires et Sociales au Ministère des Affaires Étrangères, de la Coopération Africaine et des Marocains Résidents à l’Etranger.
Évoquant ainsi le rôle du Maroc en tant que carrefour migratoire, il a ajoute : « Avec la Stratégie nationale d’immigration et d’asile, le Maroc adopte une approche humaniste pour régulariser des milliers de personnes et renforcer la protection des migrants les plus vulnérables, sur deux vagues, 2014 et 2017 régularisant ainsi 50000 personnes ».
« La migration n’est pas un problème à résoudre, mais une réalité que nous devons façonner ensemble pour qu’elle devienne un choix, et non une nécessité.», conclut-il.
Les arts comme outils de dialogue
Lors de cette rencontre, Nabil Ayouch, réalisateur franco-marocain, a évoqué le rôle essentiel du cinéma et des arts dans la société, pour parler des migrations et changer les narratives.
« L’art nous rapproche les uns des autres, nous permet de voir des personnes que nous ne connaissons pas, d’explorer des histoires rarement racontées, de voyager à travers des territoires et des cultures. »
Il a poursuivi en soulignant l’importance de dépasser les préjugés et de voir dans la migration une source inépuisable de créativité : « Le cinéma ne pourrait exister sans la migration. Rappelons que cet art a pris son essor en France avant de se développer aux États-Unis, grâce aux migrants venus d’Europe de l’Est. Les arts existent parce qu’il y a eu des déplacements de populations, des échanges d’idées, des circulations de savoirs et de visions. »
« Apprendre à raconter nos histoires est essentiel dans un monde où le narratif est un outil puissant. »
Nabil Ayouch, réalisateur franco-marocain
Et d’ajouter: « Apprendre à raconter nos histoires est essentiel dans un monde où le narratif est un outil puissant. Trop souvent, d’autres imposent leurs récits à notre place. Si nous voulons être forts, fiers de nos identités, nous devons maîtriser nos propres récits et les partager avec le reste du monde. »
« Trop souvent, d’autres imposent leurs récits à notre place. Si nous voulons être forts, fiers de nos identités, nous devons maîtriser nos propres récits et les partager avec le reste du monde »
Nabil Ayouch, réalisateur franco-marocain
Ensuite, il explique que la création de la Fondation Ali Zaoua s’inscrit dans cette réflexion : « Nous avons mis en place des espaces où les jeunes, chaque jour, explorent des disciplines artistiques et apprennent à raconter leurs propres histoires. Ces initiatives transforment la diversité en une force et bâtissent des ponts entre les cultures. »