
Ils ont été suspendus, interdits d’accès à leur lieu de travail, leurs salaires ont été bloqués et sont poursuivis en justice. Il s’agit de sept responsables de l’Union marocaine du travail de la société Business Casablanca 2S, filiale du groupe Comdata Holding France au Maroc. Selon ce syndicat, «ces mesures auraient été prises à l’encontre des syndicalistes car ils avaient observé une grève d’une demi-journée le 21 avril dernier». La grève étant un droit garanti par la Constitution.
Tout a commencé le 21 avril dernier, le syndicat des travailleurs a observé un débrayage «après avoir épuisé toutes les voies du dialogue pour porter ses revendications, liées entre autres, à l’inflation et à ses conséquences sur le pouvoir d’achat». http://À Comdata, 7 salariés suspendus suite à une action syndicale.
Les salariés ont dû saisir l’inspection du travail. Mais selon leur syndicat, la direction de l’entreprise a ignoré les deux convocations de l’inspection du travail et de la préfecture. Une pratique très courante et qui pousse à se poser la question sur le réel poids de l’inspection du travail. Pour le syndicat de l’entreprise «l’un des clients de cette dernière n’est autre que Orange qui a le devoir de vigilance envers ses sous-traitants». Un devoir qui ne s’exerce pas souvent en pratique au Maroc laissant libre cours aux atteintes aux droits des salariés.
Sur ce point, le syndicat affirme qu’une alerte «sur cette atteinte grave au droit fondamental de la liberté syndicale» a été transmise à ladite entreprise via les représentants syndicaux de la F3C CFDT. «La F3C CFDT attend qu’Orange, qui a mis en place un plan de vigilance et Comdata France en tant que maison-mère, assument pleinement leurs rôles vis-à-vis de Business Casablanca 2S», note le syndicat. Ce dernier demande aux responsables des deux entreprises de mettre fin, dans les plus brefs délais, à la suspension des syndicalistes et de rétablir les salaires.
Le syndicat demande aussi à Comdata, qui a été désignée meilleur employeur du Maroc et avait précisé qu’une de ses priorités était de «maintenir une ambiance positive», de veiller à reprendre et maintenir un dialogue permettant de répondre aux revendications des salariés. Des revendications qui interviennent dans un contexte économique très tendu marqué par la hausse vertigineuse de l’inflation.
Ce conflit social, a pris aujourd’hui une tournure pénale. Les sept salariés sont poursuivis devant la justice pour “entrave à la liberté du travail”. Selon l’article 288 du code pénal marocain “est puni de l’emprisonnement d’un mois à deux ans et d’une amende de 200 à 5.000 dirhams ou de l’une de ces deux peines seulement, quiconque, à l’aide de violences, voies de fait, menaces ou manœuvres frauduleuses, a amené ou maintenu, tenté d’amener ou de maintenir, une cessation concertée du travail, dans le but de forcer la hausse ou la baisse des salaires ou de porter atteinte au libre exercice de l’industrie ou du travail. Lorsque les violences, voies de fait, menaces ou manœuvres ont été commises par suite d’un plan concerté, les coupables peuvent être frappés de l’interdiction de séjour pour une durée de deux à cinq ans”. Cela étant, nous n’avons malheureusement pas pu joindre les responsables de Comdata Maroc, pour avoir leur position sur cette affaire qui risque bien de prendre des dimensions déplorables.