« Dar Bouidar » : Un foyer familial pour les enfants abandonnés

Dar bouidar

Le Village des enfants de l’Atlas à Tahanaout (sud de Marrakech) vise à accueillir les enfants abandonnés de la région et leur offrir une vie meilleure. Zoom sur une initiative salutaire.

Un centre d’accueil, une salle des fêtes, des espaces de jeux, une galerie d’art et un amphithéâtre, ce sont les composantes de « Dar Bouidar ». Au cœur de ce village, des maisons construites conformément aux normes internationales, chacune abritant entre dix et douze enfants d’une tranche d’âge entre une semaine à 13 ans.

Le village offre à 124 enfants un espace de vie, de compréhension et d’accompagnement pour s’épanouir.

Chaque maison est dirigée par une monitrice assurant le rôle de mère pour les enfants abandonnés. « Dar Bouidar » est une tentative réussie d’une reconstituer un foyer familial. Le tout dans le contexte de la crise aigüe des institutions de protection de l’enfance (les orphelinats) et l’émergence d’une discussion pour l’installation du modèle des familles d’accueil.

Le village offre à 124 enfants un espace de vie, de compréhension et d’accompagnement pour s’épanouir. Ce projet n’a pas seulement pour but de « sauver des enfants abandonnés ou uniquement de leur offrir une préscolarité et un encadrement éducationnel, mais d’en faire à terme des enfants intégrés dans la société et ce en leur donnant une identité propre, une fierté et une estime de soi qui les renforcent dans la conduite de leur vie », insiste Hamid Jalal, membre du comité directeur du village des enfants d’Atlas.

Fierté et estime de soi

La philosophie du « Village des enfants de l’Atlas » s’appuie sur cinq piliers. En premier lieu, chaque enfant a besoin d’une personne de référence qui soit responsable et digne de confiance – une mère. Deuxièmement, chaque enfant doit pouvoir grandir naturellement avec ses frères et sœurs. Ensuite, l’enfant doit pouvoir habiter dans une maison et s’y sentir chez lui, ainsi qu’il doit vivre dans une communauté villageoise et être respecté. Et enfin, chaque enfant doit pouvoir grandir dans un environnement propice à l’éducation, l’art et la culture.

« Durant la crise sanitaire covid-19, beaucoup de mères célibataires ont déposé leurs nouveaux nés parce qu’elles ont perdu leurs emplois et ne peuvent pas revenir chez leurs familles avec un enfant ».

Hamid Jalal, membre du Comité directeur du Village.

En plus, le village contribue à faire tourner l’économie de la ville de Tahanaout. Plus de 120 personnes travaillent à Dar Bouidar permettant de créer des postes d’emplois pour les familles de la région. Le Covid-19 a eu son effet sur la vie du village. « Durant la crise sanitaire covid-19, beaucoup de mères célibataires ont déposé leurs nouveaux nés parce qu’elles ont perdu leurs emplois et ne peuvent pas revenir chez leurs familles avec un enfant ».

D’autres villages à venir

Ce village est né d’une ambition et d’un rêve. Il a été fondé par le suisse Hansjörg Huber (photo) en 2015. Après une carrière en tant qu’entrepreneur dans les assurances en Suisse, Huber a décidé de s’installer au Maroc pour réaliser son rêve : construire un village dédié aux enfants abandonnés.

« Cette question a préoccupé le fondateur depuis l’âge de 22 ans, quand il a visité un village d’enfants en Suisse. Là, il a su qu’un jour, il monterait une initiative similaire. Une fois qu’il a achevé sa carrière d’entrepreneur dans les assurances, il a eu connaissance du destin des enfants “abandonnés” au Maroc. En 2008, il a déménagé à Marrakech et décidé d’investir la moitié des liquidités de son patrimoine pour construire le village », explique Hamid Jalal,

A ce jour, 170 enfants sont déjà installés dans le village et la construction de d’autres villages est prévue. Ce village n’offre non pas seulement un foyer mais aussi un accès à l’éducation, l’art et la culture afin de faire de ces enfants des personnes fières et fortes.

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