L’émergence d’une anthropologie visuelle marocaine 

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Et de deux pour les Rencontres « Le film documentaire dans les sciences sociales », organisées par le LADSIS au sein de la faculté des lettres et sciences humaines Aïn Chock à Casablanca. Coup de projecteur sur une nouvelle manière d’étudier la société marocaine.

« L’anthropologie visuelle se propose de faire du visuel une pratique et un objet théorique de la recherche anthropologique », peut-on lire sur l’encyclopédie en ligne Universalis. Et de compléter : « S’appuyant sur la multiplicité des usages d’images fixes et animées en anthropologie depuis la fin du XIX siècle et sur un certain âge d’or du cinéma ethnographique dans les années 1960 ». Au Maroc, chercheurs, professionnels de l’audiovisuel et du cinéma tentent de créer une école marocaine dans cette discipline scientifique. La Faculté d’Ain Chock à Casablanca se veut être l’incubateur de cette méthode et de cet art scientifique. 

Le documentaire, composante de la formation

Les 7 et 8 février 2025 à la Faculté d’Ain Chock, un public hétérogène et assidu a enchainé les productions documentaires de différents formats et sur différentes thématiques. Pour cette deuxième édition, les organisateurs ont fait le pari de la continuité avec des productions de sociologues marocains Mohamed Mahdi, Zakaria Kadiri et du géographe tunisien Habib Ayeb. Invitée à cette deuxième édition, Catherine Therrien, anthropologue maroco-canadienne a suscité discussions et intérêt par le public autour du vivre-ensemble et des identités depuis le Maroc. 

« La nouveauté cette année, est l’institutionnalisation de l’enseignement de sciences sociales via l’audiovisuel dans la filière fondamentale de licence en sociologie,  ainsi qu’à travers un autre module dans le cadre du master dynamique des institutions sociales. Donc, il s‘agirait clairement d’une volonté d’amener chercheurs et étudiants à continuer leurs travaux de recherche scientifique, tout en se familiarisant à la fois techniquement et dans l’usage de ces supports techniques par l’audiovisuel », explique Zakaria Kadiri, directeur du LADSIS. 

« Le visionnage de six réalisations parmi les neuf prévues dans cette deuxième édition, ont permis de projeter des images émouvantes notant un haut degré d’expression  sur  des faits sociaux notamment autour du séisme d’Al Haouz, du changement climatique en Tunisie, Maroc, Italie et France, des couples mixtes au Maroc, du parcours du berger dans le haut Atlas, de l’agroécologie ou encore des ouvriers des mines de charbon marocains en France », résument les organisateurs.  

Mohamed Mahdi, co-réalisateur du documentaire « Résonnance de l’Ouneine » (2025) revient sur ce projet documentaire aux multiples objectifs : « C’est un documentaire qui a suivi le travail de terrain d’étudiants en sociologie avec des discussions sur les méthodes, les résultats, le ressenti par rapport aux évènements. Nous avons également filmé le quotidien de ce douar dans le contexte du post-séisme, avec la vie sous les tentes et ses difficultés. Nous avons consacré une partie de ce documentaire à filmer la collecte et la production des olives dans cette région. Enfin, ce film traite en filigrane des difficultés actuelles de l’agriculture marocaine », énumère le professeur en sociologie rurale. 

Les étudiants à l’honneur

Les deux jours ont été marqués par d’intenses échange sur les usages de l’audiovisuel dans les sciences sociales.

Les deux jours ont été marqués par d’intenses échange sur les usages de l’audiovisuel dans les sciences sociales. La régularité de cette rencontre inédite confirme l’émergence d’une scène scientifique mobilisant l’art documentaire et les arts visuels en général pour comprendre et rendre intelligible des faits sociaux au Maroc et dans le monde. 

La régularité de cette rencontre inédite confirme l’émergence d’une scène , mobilisant l’art documentaire et les arts visuels. 

Cette édition a été marquée par une ouverture vers les productions estudiantines, avec la projection d’excellents mini-documentaires des lauréats du master « Production documentaire » de l’Université Ibn Toufail. Ainsi que des capsules du master en sociologie de Casablanca sur « Les Connaissances marocaines ». Des étudiants-chercheurs en Master 1 ont réalisé une exposition photographique autour de la notion de la « Baraka » au Maroc et exposé sur les murs de l’amphithéâtre Driss Chraibi. 

La deuxième journée a également été l’occasion pour un master class assuré par le réalisateur et documentariste Rachid Kacimi. Le Master class a permis aux étudiants une meilleure approche des techniques du documentaire,  telle la mise en scène du réel, la mise en situation, la mise en place et la mise en image. 

Au terme de deux jours de projections et de débats, les organisateurs ont donné rendez-vous aux participants pour une troisième édition…

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