Rida Benotmane, le procès de la liberté d’opinion

Rido reshaped

Le Verdict est tombé dans l’affaire du militant Rida Benotmane ce lundi 20 février, vers 21h, après plus de deux heures de délibération. Retour sur les faits marquants de cette dernière audience.

La Cour d’appel de Rabat a réduit de moitié la peine de trois ans de prison ferme prononcée en première instance à l’encontre du défenseur des droits humains marocain Rida Benotmane.

Le délit : Exprimer ses opinions 

Me Abderrahime Jamai, revient sur les détails de l’audience du 20 février du procès en appel de Rida Benotmane

Il est 14h45, toujours à la salle n°2 de la Cour d’appel de Rabat, une autre audience du procès en appel reprend, celle-ci était consacrée pour que Rida Benotmane réponde aux questions du juge président et donne ses explications sur les publications sources de la poursuite.

Le juge magistrat commence par lui poser la question sur une publication sur Facebook, en lui rappelant ce qui a été écrit. Rida répond qu’il ne se rappelle pas de cette publication et mentionne qu’à cette date, son compte était déjà désactivé. « Ce dernier avait des problèmes techniques », précise-t-il.

« Je suis un homme qui connaît ses limites et ses obligations. Très peu de personnes me suivent sur ma chaine ou sur Facebook. C’était juste un partage d’idées avec mon petit cercle de connaissances».

Rida Benotmane

Ensuite, le juge le questionne sur deux vidéos sur YouTube, tout en lui rappelant leur contenu. Il lui demande de dire si ces vidéos lui appartiennent et de les expliquer.

« Je ne me rappelle pas des titres que j’ai mis dans les vidéos. Concernant leur message, je ne visais personne, je partage juste mon point de vue dans le cadre de la liberté d’expression que la constitution marocaine donne à chaque citoyen », affirme Benotmane.

Et d’ajouter : «je n’ai jamais visé une personne ou un organisme, je suis un homme qui connaît ses limites et ses obligations. Comme vous pouvez le constater, très peu de personnes me suivent sur ma chaine ou sur Facebook. C’était juste un partage d’idées avec mon petit cercle de connaissances».

Prenant la parole, le représentant du Parquet explique que « Rida est un intellectuel qui maîtrise bien la communication avec son public et que  ses publications incitent à un désordre dans le pays», et demande d’approuver le jugement en première instance.

« Rida n’a rien fait qu’exprimer ses opinions et n’a jamais visé  une personne ou un organisme avec ses propos, on demande l’abandon des peines ».

Me Abderrahime Jamai, membre de la défense de Rida.

La défense de Rida commence directement les plaidoiries, et demande l’abandon des poursuites au nom « de la liberté d’opinion et d’expression ».

« C’est le plus simple des procès que j’ai eu durant mes 53 ans de travail. Beaucoup de fautes ont été commises au cours du procès et il faut que le parquet les assume et les corrige en appel », affirme, Me Abderrahime Jamai, membre de la défense de Rida.

Et poursuit : « Rida n’a rien fait qu’exprimer ses opinions et n’a jamais visé  une personne ou un organisme avec ses propos, on demande l’abandon des peines ».

« Une victoire minime face à l’injustice que subit notre fils et qui demeure bien en dessous de ce que nous espérions »

Rachida Elbaroudi, la mère de Rida Benotmane

A 18h45, la Cour se retire pour délibérer et le tribunal se vide. Seuls avec les membres de la défense, les parents de Rida attendent. Après plus de deux heures de délibération, le verdict tombe, la peine est diminuée, Rida est condamné à 18 mois de prison ferme au lieu de 3 ans en première instance.

« Une victoire minime face à l’injustice que subit notre fils et qui demeure bien en dessous de ce que nous espérions », affirme la maman de Rida Benotmane.

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