Mine de Bou-Azzer : 320 travailleurs sans salaire
Les mineurs de l’entreprise Top Forage, société de sous-traitance, au profit de MANAGEM se battent depuis le lundi 15 juillet 2024 contre le non-paiement de leurs salaires et la perte de leurs acquis sociaux. Une réunion de la dernière chance est prévue le 19 septembre à la Province de Ouarzazate entre l’entreprise et les ouvriers.
La mine de Bou-Azzer est une exploitation de l’extraction du cobalt et d’autres minéraux tels que le cuivre, l’arsenic, l’argent et l’or. Cette exploitation minière est dans le giron du géant minier marocain et africain, MANAGEM. Cette mine se trouve dans le territoire de la commune de Taznakht, province d’Ouarzazate.
Le même groupe exploite une deuxième mine celle Draa Sfar. Elle est située à 13 km au Nord-Ouest de Marrakech, « ce site possède une réserve importante en minerai polymétallique avec des concentrations économiques en Zinc, Cuivre et Plomb », annonce l’entreprise MANAGAM sur son site.
Ulcérés par cette situation, et à partir du 17 septembre, les mineurs accompagnés de leurs époux et de leurs 760 enfants ont décidé de marcher près de cinquante kilomètres vers la Mine.
Après une grève, la mine est fermée
Ces deux mines connaissent un mouvement de grève inédit depuis trois mois. À la mi-juillet, 324 mineurs travaillant pour Top Forage, société de sous-traitance dans la mine exigent le versement de leurs salaires de la part de cette entreprise. Suite à leurs revendications, les deux mines ont fermé leurs exploitations.
Ulcérés par cette situation, et à partir du 17 septembre, les mineurs accompagnés de leurs époux et de leurs 760 enfants ont décidé de marcher près de cinquante kilomètres en direction du siège la Compagnie de Tifnout Tiranimine (CTT), filiale de MANAGEM. A l’origine de ce conflit social, le non-paiement des salaires et l’arrêt de la couverture sociale.
« Les travailleurs se sont mis en grève pour une durée 48 heures, à partir du lundi 15 juillet 2024 », rappelle Abdelatif Ibrahimi, SG du Syndicat des ouvriers de Top Forage à la mine de Bouazzar, syndicat affilié à l’Union marocaine du travail (UMT). Le chef du fil de cette structure explique les origines de ce mouvement social : « 254 ouvriers étaient sans salaires tout long du mois de juin. Notre action n’a pas reçu de réponse positives. Pourtant, nous allions reprendre l’activité. Or, nous étions surpris le 17 juillet par le fermeture pure et simple du chantier de la mine », regrette ce syndicaliste. Officiellement, Top Forage serait en difficulté financière et ces comptes bancaires ont été saisis par la CNSS pour non-paiement de cotisations sociales remontant à 2009. « Nous ne pouvons pas payer les frais d’une mauvaise gestion remontant à une période où nous n’étions même salariés de l’entreprise. La CTT doit assumer ses responsabilités et bien choisir ses sous-traitants », insiste Ibrahimi. Les mineurs ont reçu le soutien de plusieurs organisations associatives (ATTAC et l’AMDH), syndicales (CDT) et politiques (Voix Démocratique).
« Les travailleurs se sont mis en grève parce qu’ils n’ont pas reçu leur salaire depuis juin, qu’eux et leurs familles ont été privés de couverture médicale ». Abdelatif Ibrahim, syndicaliste Top Forage-UMT.
À partir de la mi-juillet, une série de sit-in quotidiens ont été tenus tout au long du mois d’aout 2024 devant la direction de l’entreprise ainsi que de marches devant la direction de l’entreprise et d’annoncer par la suite une grève illimitée.
La réunion de la dernière chance
Ibrahimi rappelle le cahier revendicatif des mineurs : « Les travailleurs se sont mis en grève parce qu’ils n’ont pas reçu leur salaire depuis juin, qu’eux et leurs familles ont été privés de couverture médicale, et que leurs enfants ont été privés de camp d’été, de primes d’ancienneté », poursuit la source syndicale. Malgré l’isolement continu de ce combat, les conditions climatiques difficiles et le manque de solidarité les travailleurs continuent à faire preuve détermination pour obtenir les droits et les acquis. « Suite à notre dernière marche, nous avons obtenu un engagement pour une nouvelle réunion au siège de la Préfecture d’Ouarzazate, nous espérons que ce confit pourra trouver une résolution pour le bien des ouvriers et de nos familles », espère Ibrahimi.
Pour rappel, Top Forage est société de sous-traitance au profit de la Compagnie de Tifnout Tiranimine (CTT), filiale de MANAGEM. La CTT gère la licence de « l’exploitation et la prospection par sondages et géochimie intensive. Depuis, l’activité de la CTT consiste en la recherche, l’exploitation et le traitement du Cobalt primaire de Bou-Azzer », indique MANAGEM. Top Forage y emploie 254 mineurs. L’exploitation sur site a été eu cœur d’une polémique suite à des accusations de nos confrères de Hawamich (Maroc) et Reporterre (France) sur la pollution de l’eau. Des faits que MANAGEM continuent de nier.
Dans Draa Sfar, près de Marrakech, 70 mineurs sont concernés par cette grève et n’ont pas reçu leurs salaires. Cette mine est gérée par une autre filiale de MANAGEM, La Compagnie minière des Guemassa (CMG).
En 2023, le groupe MANAGEM annoncé un exercice avec des bénéfices nets de 315 millions de DH (MDH). L’assemblée générale de l’entreprise avait décidé la distribution d’un dividende pour un montant global de 356 MDH.