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Figuig : Les raisons d’une paralysie économique

À Figuig, alors que la lutte contre la privatisation de l’eau mobilise les habitants, un autre mouvement social continue de secouer la région. Cela fait désormais huit mois que les propriétaires de camions de transport de sable et de pierres, essentiels au secteur du bâtiment, entament une grève ouverte.  Les détails.

Ce mouvement a été déclenché en réaction aux «pressions des autorités responsables, notamment par le biais de patrouilles d’inspection répétées».

Blocage économique total

Ces transporteurs dénoncent  l’éloignement du centre de contrôle technique situé à Bouarfa

Ces transporteurs dénoncent également l’éloignement du centre de contrôle technique situé à Bouarfa, qui impose des contraintes matérielles et financières supplémentaires. 

Une grève, inscrite selon les militants de la région dans un contexte de tensions sociales croissantes, reflète le mécontentement face à des politiques perçues comme injustes et à un manque de soutien pour des secteurs clés de l’économie locale. 

Les propriétaires de camions de sable, ceux-là seraient en grève depuis huit mois déjà, une décision qui suit une série de pénalités et de répressions.

« Cela fait un an que Figuig est marqué par diverses formes de manifestations. Nous vivons dans un contexte tendu, avec ce projet de privatisation de l’eau dans la ville de figuig avec ensuite les propriétaires de camions de sable, ceux-là seraient en grève depuis huit mois déjà, une décision qui suit une série de pénalités et de répressions infligées à ces travailleurs», explique Ahmed Shoul, militant dans la ville de Figuig. 

« Cette paralysie engendre  donc une crise économique d’une ampleur sans précédent dans la ville.

Et d’ajouter: « Cette paralysie engendre  donc une crise économique d’une ampleur sans précédent dans la ville. Ces camions sont essentiels au secteur de la construction, employant près de 80 % de la main-d’œuvre locale et alimentant de nombreux autres secteurs liés à cette même activité».

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Ces camions sont essentiels au secteur de la construction, employant près de 80 % de la main-d’œuvre locale et alimentant de nombreux autres secteurs liés à cette même activité»

Ahmed Shoul souligne que « cette situation a été aggravée par l’interdiction pour ces camions d’accéder à Oued Al-Arja, une zone clé où se trouve du sable adapté à la construction». En conséquence, la ville est plongée dans une crise économique qui pèse sur ses habitants ».

« cette situation a été aggravée par l’interdiction pour ces camions d’accéder à Oued Al-Arja, une zone clé où se trouve du sable adapté à la construction».

«Une solution urgente s’impose»

Latifa, l’une des représentantes de la région, explique : « Au départ, les revendications des chauffeurs de camions portaient sur le rapprochement des centres de visite technique. Après un dialogue avec les autorités, les transporteurs ont accepté de faire des concessions, mais ils ont été pris de court lorsqu’on leur a interdit l’accès aux carrières existantes, sous prétexte de la localisation frontalière de la région. »

Elle insiste sur le fait que : « cet arrêt engendre une véritable crise économique, paralysant toute la ville».

«Nous appelons les autorités à agir rapidement pour trouver une solution à cette impasse. La proposition d’utiliser d’autres zones pour l’extraction de sable ne répond pas aux besoins : le sable y est de mauvaise qualité, les lieux sont éloignés, et les coûts de transport deviennent chers. Les propriétaires de camions demandent à être autorisés à reprendre leur activité dans la zone où ils travaillaient auparavant, afin de sauver cette ville et les familles qui y résident de cette crise économique  », affirme Ahmed Shoul.

Dans ce même contexte, le 21 octobre dernier, lors d’une session de questions orales au Parlement, la Fédération de la gauche démocratique est intervenue dans la crise des propriétaires de camions à Figuig, en adressant une question au ministre de l’Intérieur par l’intermédiaire de sa députée, Fatima Tamni.

Cette dernière a souligné «les pressions exercées sur ce secteur, après que toutes les alternatives aient été fermées aux transporteurs, notamment l’interdiction d’accès aux carrières existantes en raison de la localisation frontalière de la région. Lors d’une réunion réunissant toutes les parties concernées, il a été proposé d’ouvrir de nouvelles carrières dans des zones comme Defilia et Abou Lak’hal ».

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Cependant, la députée a insisté, en se basant sur les témoignages des transporteurs, sur le fait que« ces zones ne contenaient pas de sable de qualité adaptée à la construction. De plus, les autorités n’ont pas respecté, pour la deuxième fois, leur engagement d’organiser une visite sur le terrain avec les parties concernées, afin d’étudier la possibilité d’exploiter une carrière de sable dans la vallée d’Al-Arja, un site jugé stratégique par les transporteurs en raison de leur grande connaissance de la région».

«Depuis huit mois, les propriétaires de camions sont interdits d’accès aux carrières de l’Oued Al-Arja, dont la qualité du sable a un impact direct sur le développement de l’oasis, un développement principalement porté par le secteur de la construction. Cette interdiction a entraîné l’arrêt d’une longue série d’activités économiques vitales dans la région, ainsi que l’immobilisation de 10 camions et de 12 bulldozers, ce qui a contribué à la précarisation de 52 chauffeurs et employés, ainsi que de 100 travailleurs dans le secteur de la construction», peut-t-on lire dans la note de question orale adressé au ministre des affaires étrangères.

Lors de notre visite à Figuig le 15 septembre, la situation demeure la même. Dès les premiers pas à l’entrée de la ville, les camions sont immobiles, et les habitants expriment tous la nécessité urgente d’une solution face à la grave crise économique que cette situation entraîne pour la ville.

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