MIGRATIONS, UNE

Lahlou décrypte la crise de la politique migratoire au Maroc

Dans cet entretien, Mehdi Lahlou, professeur universitaire spécialiste des questions migratoires, revient sur plus de dix années de la Stratégie nationale d’immigration et d’asile (SNIA), dressant un bilan critique de ses avancées et de ses limites. Rencontré au Festival MADAR à Casablanca, il analyse les progrès réalisés ainsi que les obstacles qui freinent encore sa mise en œuvre effective. 

Lahlou offre une analyse critique des progrès réalisés, mettant en lumière deux vagues de régularisation des migrants au Maroc, l’amélioration de certaines infrastructures d’accueil. Cependant, il ne manque pas de souligner les obstacles majeurs qui persistent, notamment l’insuffisance des ressources humaines et financières, et l’inefficacité des mécanismes de suivi qui freinent une mise en œuvre réellement efficiente de la SNIA. Pour Lahlou, ces limites sont d’autant plus préoccupantes dans un contexte où les dynamiques migratoires sont en constante évolution.

Au-delà de l’évaluation institutionnelle de la SNIA, Lahlou place son analyse dans un cadre plus large, celui des conditions économiques du pays. Selon lui, les inégalités croissantes et la précarité économique, particulièrement chez les jeunes, sont des moteurs puissants des flux migratoires. Dans un Maroc où une partie importante de la jeunesse fait face à un chômage élevé et à un manque d’opportunités dans les zones rurales et urbaines, le rêve d’une vie meilleure ailleurs devient un exutoire, avec l’Europe comme destination privilégiée. Ces jeunes, souvent sans autres perspectives, se tournent vers des solutions extrêmes telles que le hrig, un phénomène qui n’est pas seulement alimenté par des aspirations individuelles, mais aussi par des facteurs systémiques.

Lahlou met en évidence les liens étroits entre la crise économique et l’intensification des tentatives de migration irrégulière, soulignant que la fragilité économique du pays est devenue un terreau fertile pour la multiplication des traversées périlleuses vers l’Europe. Pour lui, cette dynamique est le reflet d’une société marocaine où l’absence d’infrastructures économiques solides et de réelles politiques d’inclusion engendre un sentiment de désespoir parmi les jeunes. Dans cette optique, le hrig n’est pas simplement un choix personnel, mais un phénomène collectif amplifié par des années d’inefficacité des politiques publiques en matière d’emploi, d’éducation et de soutien social.

Parmi ses publications : 

  • « Maghreb migration, des politiques en manque de boussole » (2023).
  • « La radicalisation des jeunes d’origine marocaine en Europe » (mars 2023) – 
  • « La migration en Afrique du Nord » (août 2021) – Ouvrage collectif sur les dynamiques migratoires et les politiques mises en place dans la région.
  • « Le partenariat UE-Afrique sur la migration et la mobilité à la lumière du COVID-19 : perspectives d’Afrique du Nord » (février 2021) .
  • « Dynamiques migratoires au Maroc : Trafic et relations politiques et leurs implications au niveau régional »(2018)
  • « L’expérience du Maroc en matière de migration en tant que pays d’émigration, de transit et d’accueil »,(2015)
  • Les causes multiples de l’émigration africaine irrégulière(pages 4 à 7), 2006
  • « Le Maroc et les migrations » (2005) – Analyse des politiques migratoires marocaines et leurs implications économiques.
  • « L’immigration irrégulière subsaharienne à travers et vers le Maroc » (2002).
  • « Le Maghreb : lieux de transits » (2003) – Revue La Pensée de Midi.
  • « Les migrations irrégulières entre le Maghreb et l’Union européenne : évolutions récentes »(2005)
  • « Emploi et migrations internationales au Maghreb » (1996)

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