Procès de Naciri-Bioui : 5 clés pour comprendre

Enass media

Le procès impliquant des hommes politiques, élus, notaires et agents publiques autour du trafic international de drogue et du trafic d’influence entre dans sa phase décisive. Ce matin, Said Naciri sera auditionné par la Chambre criminelle de la Cour d’appel de Casablanca. Cinq clés de compréhension d’un procès tentaculaire.

La célèbre salle 8 de la Cour d’appel de Casablanca affichera complet  au matin du 18 avril 2025. À la barre, un homme dont la parole sera scrutée, il s’agit de Said Naciri, homme d’affaires, et dirigeant du Parti authenticité et modernité (PAM), ex-président du Conseil préfectoral de Casablanca et bien sûr célèbre président déchu du Wydad Athletic club de Casablanca, ex-dirigeant au sein de la Fédération royale marocaine de football (FRMF). Cet homme énigmatique et aux multiples casquettes sera entendu par le juge Ali Torchi, président de la Cour de justice. Naciri est l’avant-dernier accusé à être entendu dans ce procès fleuve. La Cour devra écouter aussi la version des faits d’une autre grosse pointure dans cette affaire, Abdenbi Bioui.

La célèbre salle 8 de la Cour d’appel de Casablanca affichera complet au  matin du 18 avril 2025.  

1. Quelles sont les principales dates dans le procès de Naciri-Bioui

À la barre, un homme dont la parole sera attendue et scrutée, il s’agit de Said Naciri.

Sur le plan judiciaire cette affaire a démarré en décembre 2023 à la suite du placement en détention préventive de plusieurs dizaines de personnes dans cette affaire aux multiples ramifications, et après des mois d’investigations au niveau de la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ) à Casablanca. Après une période d’investigation approfondie au niveau du Juge d’instruction, le Parquet décide la poursuite de 26 personnes dans ce dossier. Le procès a démarré le 24 mai 2024. Ce « procès XXL » dure maintenant depuis 11 mois et devrait se prolonger pour de longs prochains mois.

Cet homme énigmatique et aux multiples casquettes sera entendu par le juge Ali Torchi. 

2. Qu’elles sont les personnes poursuivis dans ce dossier ?

La Cour devra écouter aussi la version des faits d’un autre haut calibre dans cette affaire, Abdenbi Bioui. 

En plus des têtes d’affiche dans ce procès que sont : S. Naciri, A. Bioui, Mir Belkacem (député PAM), Abderrahim Bioui (élu PAM et frère de Abdenbi), Fouad El Yazidi (membre du PAM et homme d’affaires), le procès compte une panoplie de profils dans divers domaines. Parmi les 26 accusés, nous avons compté : Elus locaux (3), notaires (2), hommes d’affaires ou investisseurs (5), fonctionnaires de la DGSN (2), membre de la gendarmerie royale (1), fonctionnaire publique (2), salariés dans le privé (4), commerçant (1) et un artisan. L’ensemble des corps professionnels et dans différentes régions sont concernés par ce procès (Oujda, Saida, Casablanca, ainsi que des Marocains résidents à l’étranger). 

3. Quels sont les chefs d’accusation ?

La liste des chefs d’accusation est longue et diffère selon chaque accusé. Selon l’ordonnance du juge d’instruction, les deux ex-parlementaires du PAM (Naciri et Bioui) se trouvent être supposément « des figures centrales d’un réseau international de trafic de stupéfiants ».

Les accusations retenues à l’encontre de Abdenbi Bioui à la suite de l’instruction judiciaire sont:  «  faux en écriture publique par la fabrication de conventions et usage de faux, extorsion par contrainte de deux écrits opérant une décharge et une disposition, complicité dans la falsification d’un registre public, complicité dans un acte arbitraire attentatoire à la liberté individuelle pour la satisfaction de passions personnelles, corruption, facilitation de l’entrée et de sortie de nationaux de manière clandestine du territoire marocain, de manière habituelle et dans le cadre d’une association et entente, participation à une entente en vue de la détention, le transport, l’exportation et la commercialisation de stupéfiants  ».

L’homme d’affaires est également accusé de « recel de choses obtenues à l’aide d’un délit, participation à un faux témoignage en matière délictuelle en donnant des promesses, usage de faux en écriture publique ( deux pièces utilisées ), usage de véhicule sans immatriculation, tentatives d’exportation de stupéfiants sans déclaration ni autorisation, complicité et participation à des paiements directs par devise de marchandises et services à l’intérieur du territoire national, complicité de paiements sans autorisation de l’Office des changes par des étrangers en vue de l’achat de biens immobiliers au Maroc et ce, par des moyens autres que la cession de monnaies étrangères à Bank Al Maghrib (BAM)”.

Pour sa part, Said Naciri est poursuvi pour les chefs d’accusation suivant:  « faux en écriture publique par la fabrication de conventions et usage de faux, participation à une entente en vue de détention, commercialisation,  transport et exportation de stupéfiants, escroquerie et tentative d’escroquerie, trafic d’influence par une personne investie d’un mandat électif, détermination d’autrui à faire des déclarations et attestations mensongères par l’usage de menaces et de pressions, recel de choses obtenues à l’aide d’un délit, falsification de chèques, tentative d’exportation de stupéfiants sans déclaration ni autorisation, exportation de stupéfiants sans déclaration ni autorisation, importation de devises étrangères sans autorisation, paiement direct par devise de marchandises et services à l’intérieur du territoire national, participation dans le paiement direct, par devise de marchandises ou services à l’intérieur du territoire national ».

4. Quelles sont les parties de ce procès ?

L’homme appelé « L’Escobar du Sahara » est à l’origine de toute cette affaire. 

En plus des parties classiques dans un procès en pénal (les accusés, leur défense et le représentant du Ministère public), ce procès est marqué par la constitution de deux personnes physiques en tant que Partie civile. Il s’agit d’Ahmed Ben Brahim, le malien actuellement en détention à la Prison locale d’El Jadida à la suite de sa condamnation dans une affaire de trafic international de drogue. L’homme appelé « L’Escobar du Sahara » est à l’origine de toute cette affaire. Sa déposition est l’acte d’accusation principal dans ce dossier relatif à des faits qui se sont déroulés entre 2006 et 2017. Haj Brahim comme il est appelé dans ce procès réclame la restitution « de biens immobiliers qu’il a perdu à la suite d’opérations de spoliation subies » dont Bioui et Naciri sont présumés coupables. Haj Brahim  s’est  également constitué Partie civile à la suite de l’audition de F. Yazidi. Enfin, la dernière Partie civile est l’Administration des Douanes et Impôts Indirects (ADII) qui réclame des dédommagements à la suite d’opérations « frauduleuses » commises par certains accusés en matière d’introduction de marchandises. 

5. Quelles sont les prochaines étapes du procès ?

Après les auditions de Naciri et Bioui qui devront prendre deux à trois semaines, le procès devrait se poursuivre avec l’audition des témoins et des experts (dans le cas où les demandes d’expertises seraient acceptées par la Cour). Par la suite, les avocats de la défense devront se relayer pour présenter leurs plaidoiries – qui seront longues- puis les avocats des parties civiles. Le Procureur général doit ensuite faire son réquisitoire avant de redonner la parole aux avocats de la défense si toutefois ces derniers en faisaient  la demande. Enfin, le procès devrait se terminer par un dernier mot de la vingtaine d’accusés. C’est dire que ce procès est encore là pour durer plusieurs mois. 

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