
Des ONG, des syndicats et des organisations féministes au Maroc et au Maghreb ont rallié leurs voix pour dénoncer le climat raciste qui monte dans la région. Les détails

Vingt-deux organisations ont publié, le 9 mars, une déclaration dénonçant la montée d’un «discours haineux» et du racisme dans les pays du Maghreb contre les migrants originaires d’Afrique subsaharienne. Parmi les organisations signataires, on retrouve, l’Association marocaine des droits humains (AMDH), Réseau des Associations du Nord pour le développement et la solidarité (RANDS), Le Réseau marocain des journalistes de la migration (RMJM), L’Association d’Aide aux migrants en situation vulnérable – Oujda (AMSV), L’Association Pateras de la vida Maroc- Larache, Majalat « Mossawate » / Egalité et L’Association Attac Maroc.
Discours réducteurs et importés

« Les discours racistes et discriminatoires fondés sur l’exagération et une vision sécuritaire de la présence des immigrés sont démentis par les données statistiques et de terrain sur la présence des immigrés au Maroc. Ces discours alarmistes sont fondés sur une logique identitaire restrictive autour du mythe de l’existence supposée d’une race marocaine », peut-on lire dans le document.
Les signataires soulignent que « les campagnes racistes actuelles sont un moyen indirect de détourner les débats publics des sujets principaux vers des sujets secondaires ». Et d’ajouter : « Désormais, « l’autre », « l’étranger » et les « noirs » sont la cible d’une vindicte haineuse ».
Dans ce sens, les ONGs et associations signataires de cette déclaration appellent à « l’adoption d’une politique d’immigration fondée sur les valeurs et principes universels des droits de l’Homme et promulguer des lois sur l’immigration et l’asile qui respectent la dignité inhérente humaine, sans aucune discrimination ». Ensuite, ils exigent « l’arrêt des campagnes de déplacement forcés ciblant les migrants et leurs familles à l’intérieur du Maroc et vers les frontières Est du pays ».
« L’État marocain a cessé de jouer le “rôle de gendarme” en faveur de l’Union européenne et de l’Espagne. Une politique qui se traduit par des drames humains et des crises de coexistence sur le territoire national, comme c’est le cas aujourd’hui dans l’aire d’Ouled Ziane à Casablanca. Il s’agit surtout d’un exemple concret des effets des politiques de sous-traitance que le Maroc mène en faveur des pays de l’UE», ajoute la déclaration.
Enfin, la déclaration appelle « les organisations de la société civile, les médias, les intellectuels et les chercheurs des universités à lutter contre les discours de haine, la discrimination et le racisme envers les personnes en migrations immigrés et les personnes noires au Maroc à travers une action collective pour démanteler ces discours et garantir la dignité et les droits des immigrés».
Pour rappel, l’espace public, virtuel et réel, au Maroc, et dans la région du Maghreb, est marqué ces dernières semaines par la montée d’un discours raciste porté contre les personnes en migration originaires des pays d’Afrique subsaharienne. Ce discours de haine a explosé à la suite des déclarations malheureuses du président tunisien Kais Said. Depuis, nous observons : expulsion, violences et agressions contre les personnes noires vivant en Tunisie qui subissent toutes sortes de violences.