Hrig à Nador : Six morts et des interrogations
Six Marocains ont perdu la vie lors d’une tentative d’émigration depuis les côtes de Nador. Les familles évoquent « une intervention de la marine marocaine ». Plusieurs questions restent en suspens.
C’est l’Association marocaine des droits humains (AMDH) à Nador qui était la première à avoir donné l’alerte. « Ce matin du 21 juillet, la marine marocaine a arrêté une embarcation de 56 émigrants marocains. Nous ignorons encore les détails de cet incident mais six corps de ces jeunes ont été reçus à la morgue de l’Hôpital Hassani à Nador. 50 autres jeunes ont été arrêtés par la Gendarmerie royale », indique l’AMDH Nador dans une communication sur ses comptes sur les réseaux sociaux. Les jeunes qui sont sortis le 21 juillet étaient quasiment tous du quartier Beraka à Nador.
Exigence d’une autopsie
Quelques heures plus tard, on saura que l’embarcation est partie de la plage de Bouyafar à destination de l’Espagne.
« Nous sommes face à plusieurs versions, entre course-poursuite et intervention de la marine ».
L’embarcation a utilisé un zodiac Fantôme connu pour sa vitesse et pour aussi son utilisation par les réseaux de trafic de drogues qui mêlent transport de stupéfiants et de migrants. « Nous sommes face à plusieurs versions, entre course-poursuite et intervention de la marine. Rien n’est moins sûr », poursuit l’AMDH Nador qui a publié la photo du zodiac utilisé lors de cette meurtrière traversée.
« Seule l’autopsie professionnelle et indépendante pourra nous permettre de savoir les raisons de la mort ».
Bien que les familles des personnes disparues évoquent « une intervention armée de la marine marocaine contre l’embarcation », l’AMDH Nador estime qu’il est prématuré de connaître les vraies raisons de la mort de ces personnes. Seule l’autopsie professionnelle et indépendante pourra nous permettre de savoir les raisons de la mort », peut-on lire dans un post de l’AMDH Nador. L’ONG exige que « toute la lumière soit faite sur ce drame ». Ce drame de l’émigration irrégulière rappelle celui de Hayat Belkacem, jeune tétouanaise tuée à la suite d’un tir par balle lors d’une intervention de la marine marocaine en octobre 2018.
L’AMDH Nador indique aussi que le même jour deux groupes de migrants marocains sont arrivés en Espagne sains et saufs. Il s’agit d’un groupe de 40 personnes et un autre de 39 personnes. Ces groupes rejoignent la tendance de l’émigration massive des jeunes rifains vers l’Espagne depuis la fin du Hirak en 2018.