Armes israéliennes au Maroc : Qui dit vrai ?
La polémique de l’accostage d’armes destinées à Israël par des ports marocains prend de l’ampleur. Des protestations ont eu lieu à Casablanca et Tanger ce week-end. Ces armes ont-elles (vraiment) transité par le Maroc ? Eléments de réponses sur le conteneur CAAU2253429 de Maersk.
La mobilisation internationale et marocaine contre l’expédition « génocidaire » a été intense (voir les reportages de ENASS.ma). De citoyens et des organisations de divers horizons au Maroc et dans le monde, ont protesté contre l’accostage d’équipements de la chaîne d’approvisionnement des avions de chasse F-35 ou d’autres matériels militaires transportés par deux navires de la compagnie Maersk, depuis l’usine 4 de l’armée de l’air américaine, exploitée par l’entreprise Lockheed Martin, à Fort Worth, au Texas, vers la base aérienne israélienne Nevatim.« Cette base abrite la flotte de l’armée de l’air israélienne qui mène une campagne génocidaire contre le peuple palestinien de Gaza et d’autres peuples de la région arabe », indique un communiqué de la campagne mondiale #Maskoffmaersk, dénonçant l’implication du géant de la logistique maritime mondiale dans le transport d’armes à Israël. Le Maroc est pleinement concerné par ce périple.
Quelles sont les données confirmées ?
Le navire Maersk Detroit de cette compagnie a quitté Houston (USA) le 5 avril dernier, et a accosté à Tanger Med le 21 avril.
Selon les données rendues publiques par cette compagnie et confirmées par la multinationale danoise, Maersk, le navire Maersk Detroit de cette compagnie a quitté Houston (USA) le 5 avril dernier, et a accosté à Tanger Med le 21 avril à 05 :17 du matin. Ce navire a déchargé sa cargaison le 22 avril à 14:49 comme l’indique un document de Maersk. « L’opération a été réalisée sur le quai n°2 de Tanger Med, géré par Maersk. Le navire a passé plus de temps que prévu grâce à la position courageuse des ouvriers marocains », indique un dernier communiqué de BDS Maroc.
« Le navire a passé plus de temps que prévu grâce à la position courageuse des ouvriers marocains ».
L’autre navire de la même compagnie nommé, le Nexoe Maersk a raccourci son escale à Casablanca, le 20 avril pour se diriger au Port d’Algesiras puis à Tanger Med, pour recharger la cargaison militaire. L’opération est prévue aujourd’hui 23 avril à 17h. « La réponse des autorités portuaires de Tanger Med soutenant qu’ils ignorent les contenus des conteneurs’’ est une manière de se soustraire à leurs responsabilités. L’accostage de ces navires n’est pas un simple détail logistique, mais bien une complicité directe avec les crimes génocidaires continus contre le peuple palestinien », indique un récent communiqué de BDS. L’arrivée du Nexoe Maersk est prévue à Haifa en Palestine occupée le 30 avril 2025, après un passage par la Turquie.
BDS Maroc : « L’accostage de ces navires n’est pas un simple détail logistique, mais bien une complicité directe avec les crimes génocidaires ».
Démenti ambigu de Maersk !
Maersk fait preuve d’une communication ambiguë, semant ainsi le doute et utilisant des termes imprécis. Au cœur de cette campagne mondiale, la multinationale a multiplié les sorties, via son site web ou à travers son porte-parole, mais en disant la chose et son contraire. Dans un communiqué datant du 18 mars dernier.
Maersk fait preuve d’une communication ambiguë, semant ainsi le doute et utilisant des termes imprécis.
L’entreprise reconnait avoir des « contrats avec le gouvernement américain, grâce à l’inclusion de notre filiale américaine, Maersk Line, Limited (MLL), dans le Programme de sécurité maritime. Conformément à la politique officielle des États-Unis, ces contrats prévoient le transport de marchandises vers plus de 180 pays, dans le cadre de programmes de coopération en matière de sécurité, y compris le transport de marchandises civiles et militaires vers Israël ».
Mais dans le même document, Mearsk avance que « le programme de coopération en matière de sécurité américaine interdit le transport de marchandises classifiées ou sensibles, notamment les armes et les munitions, sans un plan de transport soumis par le transporteur et approuvé par le gouvernement américain. MLL n’a jamais soumis de plan de transport pour approbation pour ce type d’expédition, ce qui confirme qu’elle n’a jamais transporté d’équipements classifiés ou sensibles dans le cadre de ce programme ». Un démenti ambigu qui laisse place à des questionnements. Le 20 avril, la compagnie dément une nouvelle fois le transport les pièces des F-35 dans une déclaration à Al Jazeera. Le 22 avril la compagnie confirme le transport de pièces.
Comme le souligne BDS Maroc, « Maersk affirme que ces opérations logistiques sont opérées entre des entreprises privées de l’armement, mais la responsabilité dans la coopération entre ces entités et le secteur public de l’armement doit être pointé du doigt ». Maersk avance également que les composantes transportées participeraient à un programme international pour fabriquer les F35 et non pas pour les intérêts de guerre en Israël, or cette donnée est « trompeuse » selon BDS Maroc. « Les pièces fabriquées par l’industrie militaire israélienne comportent des sigles uniques et c’est le cas entre 2020 et 2025 et Maersk avait connaissance de la destination des armes ».
La CGT démenti, des médias manipulent
Le Nexoe Maersk bateau provenant du port français Fos sur Mer le 12 avril a pour mission de charger les armes à son bord depuis Tanger Med. Il est passé, sans armes de ce port français, de Barcelone et de Valence, ainsi que de Casablanca. Dans le cadre de la campagne internationale contre le transport maritime des armes destinées à Israël, le syndicat français des ouvriers dockers et portuaires du Golfe de Fos syndiqués à la CGT a publié un communiqué pour informer le public : « MAERSK a mis à disposition, et à titre exceptionnel le manifeste du navire, l’ensemble des conteneurs a été contrôlé (RAS, ni armes, ni pièces) », indique ce document. Cette donnée a été exploitée par certains médias pour manipuler l’opinion publique. Le Nexoe Maersk ne transportait pas à son bord des armes mais c’est Maersk Détroit venant de Houston, qui transportait ces armes pour ensuite les décharger à Tanger Med. Le Nexoe Maersk récupère la cargaison de Maersk Detroit.
Pour rappel, et depuis novembre 2024, la ville du Détroit a déjà connu une protestation similaire contre l’arrivée de deux navires de la compagnie danoise Maersk, soupçonnés de transporter des armes à destination d’Israël.
