Viol de Tifelt : INSAF mobilisée 

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À la veille du procès en appel dans ‘affaire de la petite fille de Tifelt victime de viol par trois hommes, l’association INSAF a organisé une conférence de presse à Casablanca le 12 avril afin de mettre en lumière cette affaire. Les détails.

« Il y a un an un message surprenant sur les réseaux sociaux parlait d’une jeune fille de 12 ans qui venait d’accoucher d’un beau garçon », affirme Siham citoyenne et lanceuse d’alerte dans cette affaire, lors du point de presse organisé par INSAF.

Conférence de presse organisée par l’association INSAF le 12 avril à Casablanca

Siham, cette jeune dame avait rencontré Sanae, la petite fille victime du viol et qui a décidé de lui venir en aide, en la référant au tribunal en premier lieu et ensuite en lançant un cri sur les réseaux sociaux pour que l’histoire soit connue par l’ensemble du public.

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Depuis qu’elle a pris connaissance via les réseaux sociaux, INSAF s’est fortement mobilisée dans cette affaire et a déployé tous les efforts pour venir en aide à la fillette et à son petit garçon.

INSAF a accueilli l’enfant martyrisé, « en arrivant à INSAF, Sanae, repliée sur elle-même, semblait pétrifiée et ne parlait de ce qu’elle avait vécue… Nos assistantes sociales ont immédiatement pris rendez-vous chez une psychologue, puis chez une gynécologue. Son bébé a été ausculté et vacciné par un pédiatre partenaire d’INSAF », souligne l’association dans un communiqué. 

Pour bien prendre soin de la fillette, l’association lui a proposé de rejoindre la maison d’hébergement. Un rendez- vous avec le psychologue et le gynécologue a été pris pour elle. À côté de l’accompagnement psychosocial d’INSAF, l’association a mobilisé un collectif d’avocats pour défendre la fillette violée dans cette affaire.

« Un verdict inacceptable »

« Lorsqu’on est face à un mineur, la question du consentement est inconcevable et elle n’a pas sa place. Il est nécessaire de revoir certaines dispositions légales ».

Me Mohammed Sebbar.

Lors de cette conférence de presse organisée dans les locaux de l’association INSAF, Soumaya Naamane Guessous, sociologue, Mohammed Sebbar, Président du CNDH et Meriem Othmani, présidente de INSAF ont exprimé leur inquiétude devant de tels jugements qui vont à l’encontre des intérêts des victimes, mais aussi leur volonté de ne jamais se taire devant des agissements qui portent atteinte aux droits et à la dignité des enfants.

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« Lorsqu’on est face à un mineur, la question du consentement est inconcevable et n’a pas sa place. Il est nécessaire de revoir certaines dispositions légales. Nous souhaitons aussi que ce débat soit l’occasion à saisir pour signer l’ensemble des protocoles facultatifs à la Convention relative aux droits de l’enfant, avec un renforcement des mécanismes institutionnels de protection de l’enfance », a affirmé Me Sebbar. 

«Ce verdict est inacceptable, sur le plan juridique comme éthique ».

Me Mohammed Sebbar

Me Sebbar insiste sur le fait que les peines prévues peuvent différer pour un même crime. « Les textes de loi prévoyant des peines de prison permettent des variations acceptables, en fonction des circonstances des faits. Mais dans ce cas, les peines prévues peuvent atteindre jusqu’à 20 ans de prison, alors que la condamnation prononcée est de 2 ans, ce qui est inacceptable et a fait que ce procès soit injuste et inéquitable », a-t-il expliqué. 

«Ce verdict est inacceptable, sur le plan juridique et éthique. Non seulement il s’est détourné de la vérité, mais en plus il a donné lieu à des préjudices», a-t-il affirmé.

Dans le même contexte, Me Sebbar estime que «la rapidité avec laquelle la réouverture du procès a été annoncée, tout juste huit jours après l’appel est un bon indicateur d’abord sur l’iniquité du jugement en première instance, ensuite sur une volonté de  le rectifier».

« Cette mobilisation donnera ses fruits positifs, allant de la réhabilitation de la victime jusqu’au renforcement d’accès à la justice pour les mineurs».

Me Sebbar.

L’avocat a également salué la vague de soutien avec la victime et a expliqué que cette mobilisation donnera ses fruits, allant de la réhabilitation de la victime jusqu’au renforcement d’accès à la justice pour les mineurs.

Pour rappel, le procès en appel s’ouvre demain à la chambre criminelle de Rabat après avoir été reporté à la demande des avocats de la victime afin de disposer de plus de temps pour bien l’étudier et préparer leurs plaidoiries. Lors de cette audience un témoin qui aurait assisté au viol comparaitra devant le tribunal. Il s’agit d’une mineure qui dit avoir été témoin des faits incriminés et de leur caractère répétitif, indiquant avoir accompagné l’un des accusés, à sa demande, sur les lieux du crime.

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