Les étudiants en médecine et en pharmacie au Maroc poursuivent leurs mobilisations. Dans la rue comme dans les négociations, les futurs médecins se trouvent bloqués. Reportage dans les rangs d’une manifestation interdite. 

Il est midi en ce lundi 6 mai à Rabat, la place Bab El Hed est remplie d’étudiants en médecine et en pharmacie, étudiants qui se préparent pour une marche protestataire. Une nouvelle, une énième ? 

Le dernier acte de longs mois d’une grève historique ? Malgré le risque de répression et d’interdictions, ils sont nombreux à affluer vers la capitale, vêtus de leurs blouses blanches. Certains portent des gilets oranges en signe d’organisation de la marche, tandis que d’autres portent du bleu et du noir pour les représenter. 

« Etudiant-e tu ne marcheras pas à Rabat » 

La grande place du centre-ville historique de la capitale est colorée de blouses blanches. Les jeunes, pessimistes mais non résignés, préparent leur marche vers le siège du Parlement, sis boulevard Mohamed V. Cependant, les forces de l’ordre ne l’entendent pas de cette oreille. Ils interviennent de force et empêchent la marche de se diriger vers le siège de l’institution législative, incitant les protestataires à se rendre vers la place Bab El Had. 

« Une marche pacifique interdite, c’est une honte !».

« Une marche pacifique interdite, c’est une honte!», crient les étudiants. « Les étudiants en médecine et en pharmacie sont en danger ! », enchainent d’autres étudiants, exprimant ainsi leur indignation face à l’interdiction de la marche. 

De nouveau aujourd’hui, la voix des étudiants en médecine cherche à se faire entendre et à convaincre le gouvernement d’établir un dialogue. Venus de toutes les régions du Maroc, les manifestants étaient soutenus par leurs parents. 

« Où sont donc passés les dirigeants de ce pays ? », s’interroge une des mamans. « La situation est grave, c’est scandaleux d’interdire une marche pacifique », s’exclame une autre maman venue accompagner son fils étudiant. 

« Pour une médecine de qualité »

En grève depuis quatre mois, les étudiants en médecine protestent principalement contre la réduction de la durée de leur programme de formation de 7 à 6 ans.

Fathi Mohamed Ayman, Coordinateur national du Comité national des étudiants en médecine et pharmacie, souligne que « le dialogue avec les ministères concernés est indispensable pour résoudre le problème et éviter une année blanche ». Il insiste sur « l’amélioration de la formation comme principale demande des étudiants ». 

Il exprime également des regrets quant « à l’attitude du ministère envers les demandes instantes des étudiants, soulignant que le dossier actuel représente l’accumulation de revendications datant de 2015 jusqu’à la date d’aujourd’hui, sans même avoir été traitées », «  Les étudiants ne tiennent pas perdre une année d’études. Il existe une opacité de la formation médicale et le manque de vision pour l’avenir, suscitant des inquiétudes chez les étudiants », explique-t-il. 

De son côté, Narjis El Hilali, étudiante en troisième année de médecine, affirme que « le mouvement de protestation des étudiants des facultés de médecine persiste depuis plus de quatre mois jusqu’à la levée des blocages posées par le gouvernement ». 

Elle se demande sur les raisons qui pousseraient le ministère à être « réticent à répondre aux demandes des étudiants en pharmacie et sur plusieurs points communs qui ont pourtant reçu une approbation verbale ». 

Elle affirme que « les étudiants veulent des solutions à leurs demandes et ne sont pas satisfaits de la situation actuelle. Leur protestation vise à faire entendre leur voix, et ils sont convaincus de poursuivre leur combat jusqu’à ce qu’une solution soit trouvée ». 

Les parents des étudiants ont également participé à cette manifestation, exprimant ainsi leurs solidarité totale avec leurs enfants, ils réclament par la même un dialogue avec le ministre pour trouver une solution. 

En grève depuis quatre mois, les étudiants en médecine protestent principalement contre la réduction de la durée de leur programme de formation de 7 à 6 ans. Ils réclament également des améliorations des conditions de stage dans les hôpitaux ainsi qu’une résolution urgente du problème de surpopulation dans les facultés. Avec la marche du 6 mai, ils espèrent avoir une solution à leur situation. Cependant une question reste en suspens ; pourquoi dans ces conditions délicates, Le gouvernement joue-t-il la carte de la répression et de la démobilisation ? Ce 6 mai, les étudiants ont répondu présents en affichant leur mobilisation contre vents et marées.