Editos, Parti pris

Séisme et inondations : Amnésie et mépris

SALAHEDDINE LEMAIZI

Le 8 septembre restera un jour de deuil. 3000 morts et 6000 blessés en septembre 2023 suite au séisme du Grand Atlas. Un an plus tard, la région du Sud-Est (provinces de Tata, Errachidia et Zagora) subit des inondations suite à des crues dans ces régions. Bilan humain : 18 morts et quatre personnes sont portées disparues suite à cette catastrophe naturelle. Le bilan matériel est aussi lourd : 56 maisons effondrées et huit ouvrages d’art (ponts) de taille moyenne se sont effondrés de manière totale ou partielle. La catastrophe naturelle de 2023 avait montré l’ampleur des fragilités sociales dans le Haouz et tout le Haut-Atlas. Celle de 2024 nous a rappelé, la très grande fragilité de larges territoires du royaume. Des régions coupées du monde suite à quelques heures de pluie. 

La catastrophe naturelle de 2023 avait montré l’ampleur des fragilités sociales dans le Haouz et tout le Haut-Atlas.

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Pour la catastrophe de 2023, l’Etat avait promis un programme de reconstruction « exemplaire » et « un modèle de développement ». Douze mois après, les personnes sinistrées se retrouvent, en grande majorité toujours dans des tentes. L’espoir se transforme en désillusion. Un chiffre résume cet échec de cette première année de la reconstruction : Sur les 60 000 qui devraient être reconstruites ce sont seulement 1000 maisons ont été achevées ! Dans son bilan en demi-teinte et bien loin des engagements pris devant le roi Mohammed VI , le gouvernement fait preuve de sa meilleure qualité : L’amnésie. 

Le gouvernement fait preuve de sa meilleure qualité : L’amnésie.

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Pour la catastrophe de 2024, l’Etat n’a rien promis, n’a rien fait, n’a pas communiqué ou très peu. La mobilisation du Fonds de solidarité contre les évènements catastrophiques (FSEC) demeure floue. Le gouvernement n’a pas précisé le type d’interventions pour reconstruire ces régions subissant différents maux (stress hydrique, sécheresse, enclavement, désert médical, exode des jeunes, etc.).

Pour la catastrophe de 2024, l’Etat n’a rien promis, n’a rien fait, n’a pas communiqué ou très peu.

L’Agence nationale pour le développement des oasis et de l’arganier avait annoncé en 2012 un programme couvrant ces régions jusqu’à 2020. Le budget annoncé est conséquent : 93 milliards de DH dont le but notamment est la création de 160 000 emplois. Quels sont les résultats de ce programme ? Quels sont les effets de ce programme sur les trois zones du séisme ?

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Cette attitude n’a pas d’autres sens que le mépris.

Le premier programme et comme le deuxième mériteraient une investigation en mémoire des personnes mortes suites à ces inondations. Parlons de mérite : Les membres du gouvernement n’ont eu aucun mérite. Les habitants de Ait Guarda ou Tamanart à Tata n’ont pas mérité d’être visités par des hauts responsables publics…Ces derniers sont trop occupés à préparer…la Coupe du monde 2030. Chacun son pays, chacun sa vie, chacun son destin. Cette attitude n’a pas d’autres sens que le mépris. 

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