Assidon : « Des ports du Maroc sont utilisés depuis novembre 2024 par Israël »

Le vendredi soir, les marocains ont manifesté devant la gare de Casa-Port à Casablanca pour dénoncer l’accostage d’un navire de la compagnie Maersk, suspecté de transporter des composants de chasseurs F-35 à destination d’Israël. Reportage.
Reportage Imane Bellamine & Mohamed Nassar
Dès 18h30, les manifestants ont commencé à affluer devant la gare Casa-Port, à quelques mètres de l’entrée du port. Arborant des drapeaux palestiniens et des keffiehs, ils s’étaient réunis pour dénoncer l’accostage du navire Nexoe Maersk, suspecté de transporter des équipements militaires américains destinés à Israël. Le slogan central de la mobilisation était clair : “Non à l’accostage des navires du génocide dans nos ports !”. Le navire Nexoe Maersk venant du port français de Fos sur Mer (région de Provence-Alpes-Côte d’Azur) prendra le relais du navire Maersk Detroit venant de Houston (USA) qui a transporté ces composantes d’armes des Etats-Unis vers le port marocain de Tanger.
“Non à l’accostage des navires du génocide dans nos ports”
Rapidement, un imposant dispositif de sécurité a été déployé. Les forces de l’ordre ont encerclé les manifestants de tous les côtés, les empêchant de s’approcher du port. Un cordon de policiers posté près de la porte principale a bloqué l’accès, forçant les protestataires à rester regroupés devant la gare. Déterminés, ils ont continué le sit-in pacifique, refusant de quitter les lieux malgré la pression.
Le slogan central de la mobilisation était clair : “Non à l’accostage des navires du génocide dans nos ports !”
Plusieurs dockers du port avaient déjà répondu à un appel rare au boycott lancé par les deux plus grands syndicats marocains, l’UMT et la CDT, ce qui pourrait perturber les opérations du navire.
« Nous nous attendions à ce blocus. Ces derniers jours, il est devenu presque impossible de manifester dans les villes. Les autorités déploient tous les moyens à leur disposition pour nous faire taire », a déclaré une militante du mouvement Boycott, Désinvestissement, Sanctions (BDS), à Enass.
Sion Assidon, militant et fondateur du BDS Maroc explique que « depuis novembre, des bateaux ramènent du matériel militaire américain, le déposent à Tanger, puis un autre navire, opérant en Méditerranée, le récupère pour l’acheminer jusqu’à Israël. »
« Nous nous attendions à ce blocus. Ces derniers jours, il est devenu presque impossible de manifester dans les villes. Les autorités déploient tous les moyens à leur disposition pour nous faire taire »
Et d’ajouter : « Cette fois, c’est encore plus grave, car le bateau attendu à Tanger transporte un matériel militaire extrêmement sensible. Il s’agit d’équipements permettant aux avions F-35 israéliens de continuer à bombarder sans interruption Gaza »
Selon lui, le navire accosté à Casablanca, le Nexoe Maersk, est chargé d’embarquer cette cargaison à son arrivée à Tanger dans la nuit de dimanche à lundi, « c’est un énorme scandale, et nous devons faire comprendre que nos ports ne peuvent pas servir de relais à un génocide », insite-t-il
« Cette fois, c’est encore plus grave, car le bateau attendu à Tanger transporte un matériel militaire extrêmement sensible. Il s’agit d’équipements permettant aux avions F-35 israéliens de continuer à bombarder sans interruption Gaza »
Malgré une forte présence policière à Casablanca, la manifestation de vendredi est restée pacifique et a duré plus de deux heures.
Selon les médias the Ditch (Irlande) et UK Declassified, Maersk jouerait un rôle clé dans la livraison de pièces de F-35 à Israël. Les composants, initialement chargés à bord du Maersk Detroit à Houston, seraient en route vers la base aérienne de Nevatim, dans le sud d’Israël, un site crucial pour les opérations de l’armée de l’air israélienne à Gaza.
Maersk Detroit devait accoster à Tanger le 20 avril, où il déchargerait sa cargaison sur le Nexoe, qui la transporterait ensuite vers Haïfa. Ni Maersk ni les autorités marocaines n’ont confirmé le contenu de cette cargaison. Maersk a publié un communiqué en mars dernier reconnaissant « participé à un programme de sécurité international impliquant les Etats-Unis », sans des détails sur la nature de ce programme.
Les militants de BDS Maroc estiment que le navire transporte une cargaison importante d’analyseurs de surface, des appareils utilisés pour des réparations ponctuelles sur les F-35 endommagés un équipement essentiel à l’entretien des jets utilisés par l’entité sioniste pour bombarder Gaza.
« Environ tous les dix jours, un de ces F-35 tombe en panne et nécessite des réparations pour être remis en service », a expliqué Asidon. Et d’ajouter : « Un envoi maritime dans un conteneur complet implique un volume important de cet équipement essentiel, une livraison qui pourrait renforcer considérablement l’assaut en cours mené par Israël. »
Lors de la manifestation de vendredi, les participants ont brandi des pancartes appelant les autorités marocaines à écouter « la volonté du peuple » et à empêcher l’accostage du navire, les avertissant « contre toute forme de complicité dans un génocide qui a déjà fait plus de 60 000 morts à Gaza».
« C’est honteux qu’après plus d’un an de génocide et de mobilisations quasi hebdomadaires dans tout le pays, le gouvernement continue d’ignorer la voix de son peuple »
« C’est honteux qu’après plus d’un an de génocide et de mobilisations quasi hebdomadaires dans tout le pays, le gouvernement continue d’ignorer la voix de son peuple », a déclaré Khadija Ainani, militante et présidente de l’AMDH Rabat .
Et d’ajouter: « Nous ne cesserons jamais de nous mobiliser pour dénoncer ces crimes et rejeter toute forme de normalisation»