Haragas Marocains : Le combat sans relâche des familles

Les familles des travailleurs migrants et des migrants marocains arrêtés en Algérie, remuent ciel et terre pour faire rapatrier les membres de leurs familles. Le dernier mois a permis d’obtenir des résultats concrets.
Le nombre de Marocains disparus dans des contextes différents en Algérie, augmente au fil des mois.
Le nombre de Marocains disparus dans des contextes différents en Algérie augmente chaque mois. Au mois de décembre 2024, ils étaient 481 familles marocaines à la recherche d’une personne disparue ou arrêtée en Algérie, selon les données de l’Association d’aide aux migrants en situation vulnérable (AMSV) qui apporte soutien à ces familles. Ces dernières se sont organisées au sein de la Coordination des familles de jeunes marocains candidats à l’émigration, des séquestrés, des détenus, des disparus en Algérie (Coordination). Leur combat a permis d’obtenir des résultats concrets, malgré un contexte diplomatique difficile, marqué par les ruptures des relations entre le Maroc et l’Algérie.
Des corps sans vie
Ils étaient au nombre de 481 familles marocaines à la recherche d’une personne disparue, ou arrêtée en Algérie.
Le 29 mai dernier, les équipes de l’AMSV et de la Coordination étaient au poste frontalier de « Jouj Bghal » pour recevoir trente-neuf Marocains candidats à l’émigration irrégulière, arrêtés en Algérie lors de leur traversée. « Parmi les personnes refoulées, nous avons recensés des mineurs accompagnés de leur mère », indique l’AMSV. « Ce groupe fait partie des retours réguliers obtenus grâce au travail de suivi de l’association des dossiers des personnes portées disparues chez nos voisins algériens ».
« Parmi les personnes refoulées, nous avons recensés des mineurs accompagnés de leur mère ».
Le convoi le plus récent reçu de l’Algérie était sans vie. Le 5 juin 2025, l’AMSV et la Coordination ont obtenu le rapatriement de deux corps de migrants disparus en Algérie (S.A et M.B). « Cette opération a pu se faire après deux ans d’attente. L’AMSV présente ses sincères excuses aux familles des victimes, et notre combat se poursuit pour pouvoir faire rapatrier les 4 corps toujours en Algérie », indique l’ASMV.
Dans une lettre de l’AMSV et la Coordination adressée au président de la République algérienne en décembre 2024, les deux parties avaient dévoilé six cas de corps se trouvant dans des morgues en Algérie notamment dans les provinces algériennes de Tipaza, Chlef ou encore Relizane. Ces corps ont été identifiés début 2024. D’autres cas peuvent exister dans ce cortège funèbre sur les frontières. « Nous appelons à votre humanité et aux liens de fraternité, des valeurs de l’Islam et de l’Histoire commune pour intervenir et pour résoudre ce dossier », avaient appelé les deux structures dans cette lettre ouverte au chef de l’Etat algérien.
Modus opérandi des rapatriements
Dans une précédente déclaration pour ENASS, Hassan Ammari, président de l’Association d’aide aux migrants en situation vulnérable à Oujda et qui en l’occurrence suit ce dossier depuis des années : « Des Marocains sont arrêtés en mer, d’autres dès leur entrée en Algérie via la voie terrestre. Les autorités consulaires marocaines à Sidi Bel Abbes sont informées de leur arrestation. Dans le cas où la personne n’a pas de papiers d’identité, les familles sont contactées pour envoyer un document d’identité scanné ».
Hassan Ammari de l’AMSV rappelle la procédure menée par les autorités des deux pays : « Les jeunes migrants attendent que les Algériens rassemblent un groupe de personnes migrantes (environ 30 personnes) pour ensuite ouvrir exceptionnellement les frontières pour faire le refoulement ». Habituellement cette frontière n’ouvre que pour le rapatriement des corps des migrants morts en mer, le dernier en date celui de Fouzia Bekkouch, fin janvier 2023. Cette migrante marocaine avait perdu la vie à la suite d’une intervention de la marine algérienne lors d’une traversée.