Huelva, fosses communes et l’Algérie

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La Chronique Migrations est une revue de presse commentée de la semaine traitant des principales actualités relatives aux questions migratoires au Maroc et dans le monde. C’est parti pour #3 

Je vous parle cette semaine de la situation des travailleurs migrants à Huelva en Espagne, des crimes migratoires en Libye et de l’exploitation d’un dossier humanitaire migratoire dans le conflit entre le Maroc et l’Algérie. Sur les routes migratoires cette semaine, c’est le constat d’un Maghreb des frontières qui créent des drames d’Est en Ouest.

Huelva, les nouveaux « sauvages »

El Ejido hier…Huelva aujourd’hui. Hier la tomate aujourd’hui la fraise d’exportation. Le point commun est celui de l’exploitation des travailleurs migrants. Le reportage de nos confrères de Hawamich, nous rappelle le destin et le quotidien de ces travailleurs marocains dans cette zone d’exploitation agricole intensive de ressources, et des êtres humains venus d’ailleurs. Contrairement aux saisonnières marocaines ou étrangères, ces ouvriers sont basés en Espagne toute l’année. Ils vivent dans des conditions d’indignité et sans papier, pourtant ils contribuent à produire « l’or rouge ». Un des ouvriers agricoles raconte son calvaire : « Je suis ici depuis cinq ans, je vivais dans une cabane et maintenant elle a brûlé, j’ai oublié que j’étais un humain, je suis devenu un être sauvage ». Les sauvages mais cruels de surcroit, sont les exploitants agricoles, ces capitalistes qui pillent les terres  ainsi que les travailleurs migrants. 

A lire aussi : https://hawamich.info/9432/

 « Je suis ici depuis cinq ans, je vivais dans une cabane et maintenant elle a brûlé, j’ai oublié que j’étais un humain, je suis devenu un être sauvage ». 

J’invite à la lecture de ce reportage poignant de Said El Mrabet. Cap sur la Libye où l’exploitation des migrants a atteint son stade suprême : La mort.

Le reportage de nos confrères de Hawamich, nous rappelle le destin et le quotidien de ces travailleurs marocains dans cette zone d’exploitation agricole.

En Libye, fosses communes d’exilés

Les politiques européennes en matière d’immigration touchent le fond, mais ses artisans continuent  de creuser.

Les politiques européennes en matière d’immigration touchent le fond, mais ses artisans continuent de creuser. Sans mauvais jeu de mots, la découverte de fosses communes en Libye d’une douzaine de corps, vraisemblablement de personnes exilées, à Jakharrah et dans le désert d’Alkufra en Libye est l’aboutissement des alliances entre les autorités en Libye et la Commission européenne et l’Italie. 

Dans un communiqué publié par plusieurs ONG et collectif dont Migreurop, on peut lire : « En Libye, la torture et le meurtre de personnes migrantes dans les centres de détention, leur abandon en mer ou dans le désert, la détention dans des conditions assimilables à l’esclavage, la famine et d’autres violations graves des droits humains, ont été largement documentés par la Mission d’enquête indépendante sur la Libye, ainsi que par d’autres organisations », rappellent les signataires. Et de conclure : « Il apparaît clairement que les financements de l’Union européenne, ainsi que d’États membres (dont l’Italie et la France), à la Libye, n’ont pas tenu leur promesse d’améliorer les conditions de vie des personnes cherchant à se mettre en sécurité. […] Les réfugié·e·s en Libye demeurent soumis à des conditions qu’aucun être humain ne devrait subir ». Aujourd’hui, les luttes criminelles contre l’immigration ne produisent pas que des drames en mer mais aussi des fosses communes.

« Les réfugié·e·s en Libye demeurent soumis à des conditions qu’aucun être humain ne devrait subir ».

A lire aussi : https://enass.ma/2023/07/24/haraga-marocains-la-route-algerienne/

Désinformation autour de l’Algérie et nos Haragas

C’est un ouf de soulagement chez les familles des migrants marocains arrêtés en Algérie ! Trente  et un jeunes migrants viennent de quitter le territoire algérien et rejoignent le Maroc depuis le poste frontalier Jouj Bghal. Une libération qui concrétise le travail admirable, tenace et efficace de l’Association marocaine d’aide aux migrants en situation vulnérable (AMSV) depuis Oujda. 

Ce dernier groupe a été précédé par de nombreux groupes durant les années 2023-24.Des rapatriements qui en disent long sur la porosité des frontières à l’est et sur la crise au sein de  la jeunesse maghrébine. Notons  aujourd’hui l’exploitation médiatique de la part de certains canaux informationnel marocains pour décrire ces opérations de retour à la suite de détentions de jeunes marocains comme une « forme de chantage » algérien. 

L’Algérie criminalise l’immigration et l’émigration. Elle maltraite les personnes en migration sur son territoire par des pratiques dangereuses.  

Soyons clairs : L’Algérie criminalise l’immigration et l’émigration. Elle maltraite les personnes en migration sur son territoire  par des pratiques dangereuses. Mais dans le cas précis des Marocains Haraga, il s’agirait  d’emblée de procédures administratives (identité, documentation, etc.) et de légères peines de prison. Selon les données recueillies par ENASS dans l’ensemble, les Marocains en détention sont bien traités et ne subissent pas de discriminations particulières.

A lire aussi : https://enass.ma/2023/12/19/migrants-arretes-en-algerie-lappel-des-meres/

Et laissons les humanitaires effectuer leur travail salutaire sans exploitation politicienne…

L’Algérie comme le Maroc ou tout autre pays dans le monde, gèrent les questions migratoires et de frontières avec une logique de souveraineté, en appliquant leurs propres lois. Le traitement judiciaire algérien  et marocain criminalise les migrations irrégulières. Les retards qui peuvent se produire dans les procédures de rapatriement des détenus marocains, est causée par l’absence de relations diplomatiques entre les deux pays, à cela s’ajoute  la fermeture des frontières terrestres. Saluons donc le travail titanesque de l’AMSV et gardons nous  de ne pas exploiter ces opérations humanitaires dans   le déplorable conflit maroco-algérien. Il y assez de divisions et de bisbilles entre les deux pays et les deux peuples, en ce moment. Et laissons les humanitaires effectuer leur travail salutaire sans exploitation politicienne… 

Et à la semaine prochaine sur les routes migratoires…

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