« L’Avenue royale » : Trois décennies d’injustices  

Aic press (3)

Le projet de « L’Avenue royale » à Casablanca, continue de susciter les contestations des résidents. Trente-six ans après, ce projet cristallise la mauvaise gestion des affaires publiques. Les grands perdants sont les habitants. 

Le projet de « L’Avenue royale » a été lancé le siècle dernier mais sans jamais avoir vu le jour ! En 1989, les dirigeants de la ville de Casablanca décident de créer une nouvelle avenue dans le but de relier la toute nouvelle Mosquée Hassan II à la Place des Nations-Unis. Ce projet vieux de trente-six ans n’a pas fini de faire des victimes. La gestion du projet avait connu plusieurs malversations documentées par des rapports de la Cour des comptes et un procès en pénal. Trois décennies plus tard, les nouvelles gestionnaires du projet veulent passer à la vitesse supérieure, « au prix de léser les droits des résidents », conteste une coordination des habitants contactée par ENASS.ma 

La gestion du projet avait connu plusieurs malversations documentées par des rapports de la Cour des comptes et un procès en pénal.

De l’expropriation aux menaces de ruine

Le 12 avril dernier, la Coordination des victimes de la mauvaise gestion du projet « Avenue royale » a tenu une réunion d’urgence à Casablanca « pour étudier les nouvelles décisions d’expulsion reçues par des résidents de la rue Sbaiss au sein de ce quartier de la médina », nous explique Younes Ritab, responsable de cette coordination. 

Ce collectif informel des habitants conteste la démarche choisie par les autorités locales. « Les autorités locales ont choisi de classer ces maisons comme étant  menacées de ruine et les habitants sont obligés de quitter leurs maisons. Or ces habitants devraient faire l’objet de la procédure de l’expropriation des biens pour utilité publique et bénéficier d’indemnités prévues par  la loi. Maintenant, c’est une gestion chaotique », détaille Ritab. 

Durant plusieurs années, surtout la décennie 2010, des maisons sont tombées dans ces quartiers vulnérables de Casablanca faisant plusieurs victimes, notamment durant la période hivernale.

Des solutions dignes

Les résidents et propriétaires de cette rue de la médina extramuros « perdent beaucoup avec cette démarche imposée aux habitants ». Pour contester cette démarche, « nous avons des réclamations à déposer au niveau des responsables, le Wali de la région de Casa-Settat et le gouverneur d’Anfa », annonce Ritab.  Les structures gestionnaires de ce projet sont la SONADAC et IDMAJ Sakan. 

 Notre exigence est de trouver des solutions dignes pour les gens, sans abus de pouvoir .

Et de conclure : « Notre exigence est de trouver des solutions dignes pour les gens, sans abus de pouvoir. Et surtout éviter que les expulsions ne se fassent au plein milieu de l’année scolaire ce qui pénaliserait  la scolarité des enfants et  de facto leurs familles ».

Surtout éviter que les expulsions ne se fassent  au plein milieu de l’année scolaire, ce qui pénaliserait  la scolarité des enfants . 

« Avenue royale » : Détournement et trafic d’influence

Ce projet a connu plusieurs difficultés depuis trois décennies en raison des malversations dans la gestion de ce projet par la SONADAC, société publique en charge de projet. 

En 2016, l’ex-directeur général de la Société nationale d’aménagement communal, SONADAC, Mohamed Naïmi, seul accusé poursuivi en état d’arrestation, a été condamné par la chambre criminelle chargée des affaires financières, à Casablanca, à 3 ans de prison ferme assortie d’une amende de 100 mille dirhams, rapporte Aujourd’hui Le Maroc. 

« Un autre ex-directeur général de la même société, Abderrahim El Hassani, ainsi que l’ex-directrice financière ont écopé de 2 ans avec sursis assortis d’une amende de 10 mille dirhams. Un quatrième accusé a été condamné à 2 ans de prison dont un an avec sursis. Quatre autres accusés ont été acquittés », poursuit la même source. 

« Dix mis en cause, dont un seul était gardé en détention préventive étaient poursuivis dans cette affaire de la Sonadac, société chargée du réaménagement de l’Avenue Royale, à Casablanca, pour détournement de deniers publics, trafic d’influence et complicité », détaille le quotidien national. 

Après des années de mauvaise gestion, la faillite de la SONADAC avait nécessité l’intervention de la CDG pour renflouer la caisse de l’entreprise publique. 

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