L’ISA à Rabat : Une suspension et des doutes 

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Le débat est intense sur le refus de la présence de chercheurs israéliens lors du forum de l’International Sociological association (ISA) prévue cette semaine à Rabat. La mobilisation marque des points dans le sens d’une exclusion des Israéliens, mais des universitaires appellent à la « vigilance ». Round-up.

« La décision a été prise par le comité exécutif de l’ISA après une longue discussion et un vote décisif ».

Ce lundi 30 juin, la journée commençait par la diffusion d’un communiqué de l’ISA annonçant la suspension de l’adhésion de The Israel Sociological Society (ISS). « Une victoire », se réjouit le camp des chercheurs mobilisés contre la présence de chercheurs provenant d’universités sionistes au Forum de Rabat prévu du 6 au 11 juillet prochain. « La décision a été prise par le comité exécutif de l’ISA après une longue discussion et un vote décisif », détaille Issam Rajouani, enseignant-chercheur à l’Université Ibn Toufail à Kénitra, sur sa page Facebook. 

La décision de l’ISA est certes un tournant car cette position demeurait inenvisageable au début de cette mobilisation.

Isa attac

La décision de l’ISA est certes un tournant car cette position demeurait inenvisageable au début de cette mobilisation. Au début de cette polémique, l’ISA s’est contentée par la publication d’une déclaration de soutien aux universitaires palestiniens. Mais la mobilisation marocaine, régionale (MENA) et internationale a visiblement joué dans ce changement de position. 

« La décision de l’ISA peut donc être comprise dans le contexte de la réponse à la pression morale croissante exercée par la communauté universitaire et dans le contexte de la réponse aux appels de la campagne mondiale de boycott académique et culturel d’Israël, qui considèrent que les institutions universitaires ne sont pas neutres, comme certains tentent de le faire croire sous le couvert de la liberté académique ou de la neutralité axiologique, mais qu’elles sont impliquées dans le soutien à l’occupation et la justification de son discours sioniste », analyse Rajouani, ce jeune sociologue marocain. 

« L’IMS ne souhaite aucunement la bienvenue des personnes provenant de l’entité qui commet des crimes, même dans le cadre d’activités scientifiques ». 

La position ferme de l’Instance marocaine de sociologie (IMS), association scientifique qui est le partenaire local de l’ISA a également poussé vers une position plus avancée. L’IMS avait publié un communiqué le 27 juin dernier où elle prévient « contre toute atteinte aux droits du peuple palestinien » et elle avait ajouté : « que l’IMS ne souhaite aucunement la bienvenue des personnes provenant de l’entité qui commet des crimes, même dans le cadre d’activités scientifiques ». D’autres associations de la société civile marocaine rejoindront l’appel lancé par les chercheurs. ATTAC Maroc publie un communiqué appelant au boycott et diffuse un document présentant les liens entre universités israéliennes et le complexe militaro-industriel au sein de l’entité sioniste.  

Les Israéliens de retour par « la fenêtre » ?

Le communiqué de l’ISA rassure mais sème le doute. La formulation de la suspension tient à préciser uniquement l’adhésion « collective ». Pour rappel, l’ISA dispose de deux modes d’adhésion. L’adhésion collective en tant qu’association, département de sociologie ou centre de recherche. Le deuxième mode d’adhésion est individuel, il concerne les universitaires, docteurs ou étudiants en sciences humaines. Plusieurs sociologues mobilisés contre la participation de chercheurs israéliens, par une porte dérobée.  

« La décision de suspendre l’adhésion collective de l’association israélienne de sociologie, ne signifie pas automatiquement que les universitaires israéliens ne pourront pas participer à titre individuel au cinquième Forum mondial de sociologie à Rabat. Ce qui nous place face à une diversion qui viderait de son sens la position de boycott académique, car nous aurions fermé la porte aux représentants de l’entité sioniste, mais ils pourraient toujours entrer par la fenêtre, d’autant plus qu’un certain nombre de communications israéliennes figurent toujours au programme du forum », prévient Rajouani. 

Pour continuer la mobilisation, 236 chercheurs du Maroc et de partout dans le monde viennent de signer une pétition « contre la participation d’institutions sionistes au 5ème forum de sociologie à Rabat ». 

BDS maintient la pression

Dans un nouveau communiqué, Palestinian Campaign for the Academic and Cultural Boycott of Israel (PACBI) au niveau mondial appelle les organisateurs à « veiller à ce que les universitaires israéliens représentant de facto les universités israéliennes complices qui participent au Forum défendent publiquement les droits des Palestiniens en vertu du droit international ». PACBI appelle aussi à « vérifier si ces universitaires sont impliqués dans les violations flagrantes des droits humains commises par Israël à l’encontre des Palestiniens, en particulier les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et le génocide ».  

Et enfin à « adopter une politique cohérente de reconnaissance des terres pour les universités dans toutes les situations de colonisation, y compris en Palestine, conformément à la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, et reconnaître la complicité des universités israéliennes dans les crimes commis par leur État contre les Palestiniens », peut-on lire dans cette déclaration de Palestinian Campaign for the Academic and Cultural Boycott of Israel (PACBI)  

Le texte de la pétition/appel est disponible sur ce lien ↓. 

https://drive.google.com/drive/folders/1C5nrZmW5WIf9l1fSYgmVLxyca2577A_7?usp=drive_link

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