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Gestion migratoire : la police marocaine en formation

Le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) et la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) lancent une formation destinée à 20 officiers de police pour mieux intégrer les droits des migrants dans leurs pratiques. Détails.

Lundi 24 février 2025 à Rabat, le CNDH et la DGSN ont inauguré une session de formation des formateurs destinée à 20 officiers de police venus de différentes régions du pays. Pendant une semaine, ces agents exploreront les enjeux migratoires ainsi que le cadre juridique national et international qui les encadre. 

Respect des droits des migrants : engagement ou illusion ?

Lors de l’ouverture, Amina Bouayach, présidente du CNDH a expliqué que la clarification des concepts liés à la migration est essentielle pour une action efficace. « Les concepts font état de traits mêlant des difficultés et aboutissant à une situation complexe. Un de ces concepts fait que l’on débatte de migrants, de réfugiés, de migrants irréguliers, de sans-papiers… il faut agir pour que ces concepts qui entravent notre action soient précisés ». Selon elle, cette précision n’est pas seulement une question de terminologie, mais une nécessité opérationnelle pour protéger les migrants et garantir le respect des recommandations internationales.

Il faut agir pour que ces concepts qui entravent notre action soient précisés

Amina Bouayach, présidente du CNDH

Bouayach a également lancé un appel aux médias pour qu’ils contribuent à « installer les définitions humanitaires des droits de l’Homme » dans le débat public.

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De son côté, le préfet de police Ahmed Ait Taleb a reconnu que le Maroc « n’est plus seulement un pays de transit, mais aussi d’accueil pour les migrants, venant notamment des pays subsahariens et d’autres régions ». Face à cette nouvelle réalité, il a insisté sur la « nécessité de renforcer les efforts pour y répondre efficacement».

Et d’ajouter: «Cette évolution s’inscrit dans un contexte régional marqué par des crises politiques, économiques et climatiques qui poussent de nombreuses personnes sur les routes migratoires, tandis que l’Europe renforce ses frontières, allant parfois jusqu’à les rendre hermétiques. Le Maroc, désormais au cœur de ces dynamiques migratoires, doit concilier humanité et sécurité nationale».

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Évoquant la question terminologique, l’usage du terme « migrants illégaux » lors de cette conférence en dit long sur le travail restant à accomplir pour garantir un traitement réellement humain et respectueux des droits fondamentaux.

La Stratégie nationale d’immigration et d’asile, instaurée en 2013, a également été évoquée comme un cadre de coordination entre les différentes parties prenantes. Bouayach a cependant insisté sur « la nécessité d’accompagner la révision de la loi 02-03 sur l’entrée et le séjour des étrangers au Maroc, d’accélérer la ratification du projet de loi sur l’asile et d’intégrer les évolutions récentes en matière de droits de l’Homme dans la gestion migratoire ».

Il est important de revoir la loi 02-03 sur l’entrée et le séjour des étrangers au Maroc, et d’accélérer la ratification du projet de loi sur l’asile et d’intégrer.

Selon les organisateurs, la formation inaugurée à Rabat «s’inscrit dans le cadre du partenariat institutionnel entre le CNDH et la DGSN, signé le 14 septembre 2022. Conçue pour intégrer une approche plus respectueuse des droits humains dans le travail des forces de l’ordre, mettant l’accent sur les enjeux migratoires et  la traduction de la volonté du Maroc d’adopter une politique migratoire équilibrée et humaine».

« Cette session est la première d’une série à venir. Elle matérialise notre engagement commun en faveur de la formation et du développement des compétences des forces de police dans l’exercice de leurs missions », affirme AHmed Ait Taleb avant de continuer que: L’objectif, selon lui, est d’assurer des interventions « professionnelles et respectueuses des droits et libertés fondamentales ».

Dans le même contexte, Amina Bouayach a, de son côté, souligné que cette dynamique s’inscrit dans une dynamique plus large, incluant notamment « la prévention de la torture et l’amélioration des interactions entre le CNDH, la DGSN, la Gendarmerie Royale et l’administration pénitentiaire ». Une synergie institutionnelle qui, selon elle, illustre clairement le choix du Maroc de placer les droits humains au cœur de ces réformes…

Les engagements sont posés, les discours sont prometteurs, mais la question persiste : seront-ils suivis d’actions concrètes sur le terrain ?

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