Le droit d’asile au Maghreb : Un recul alarmant

L’Association Marocaine d’Aide aux Migrants en Situation Vulnérable (AMSV), basée à Oujda, lance un cri d’alarme concernant la détérioration des conditions des demandeurs d’asile en Afrique du Nord. La situation est préoccupante à divers degrés en Algérie, en Tunisie, en Libye et au Maroc.
« Pour un traitement respectueux des droits des réfugiés et pour demander la libération des migrants détenus et emprisonnés en Libye, en Tunisie et en Algérie ».
Grâce à sa position géographique privilégiée à Oujda, une zone frontalière certes fermée mais également un carrefour de circulation, l’AMSV a pu établir un diagnostic alarmant de la situation du droit d’asile au Maghreb. L’association réclame “un traitement respectueux des droits des réfugiés” et exige “la libération des migrants détenus et emprisonnés en Libye, en Tunisie et en Algérie”. L’AMSV “dénonce les crimes de l’Agence européenne de garde-frontières Frontex” et plaide pour “la non-criminalisation de l’immigration, la solidarité humaine et la protection de tous les droits des réfugiés et des migrants”.

L’association « dénonce les crimes de l’Agence européenne de garde-frontières Frontex »
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Une escalade des violations des droits
Dans une déclaration de presse détaillée, l’AMSV revient sur la situation spécifique dans chacun des quatre pays du Maghreb.
En Algérie, l’AMSV souligne que “la situation des réfugiés africains subsahariens n’est pas moins grave en raison des arrestations arbitraires effectuées par les autorités sécuritaires, ainsi que des expulsions forcées vers le sud, en direction du désert à la frontière avec le Niger”. Ces expulsions se déroulent dans des “conditions inhumaines et dans une lutte pour la survie, sans eau ni nourriture et dans des conditions climatiques difficiles, sans parler des poursuites judiciaires dont ils font l’objet sans bénéficier des conditions d’un procès équitable”.

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En Tunisie, l’association déplore que “les migrants et réfugiés vivant en Tunisie sont confrontés à une situation tragique et à une répression constante”. Ils sont “poussés vers les forêts et les frontières, privés des services de base. Les expulsions vers les frontières et les menaces de création de centres de détention dans le désert se poursuivent, dans ce qui ressemble à un retrait non officiel de la Tunisie de ses engagements internationaux”. L’AMSV ajoute que “les organisations de la société civile sont victimes de campagnes incessantes de criminalisation. La solidarité avec les migrants est désormais considérée comme une ‘conspiration contre la sécurité de l’État’ et l’aide apportée comme un ‘blanchiment d’argent’, selon les déclarations des organisations de la société civile tunisienne”. L’association, présidée par Hassan Ammari, rappelle que “de nombreux militants croupissent en prison et font l’objet d’enquêtes judiciaires qui s’éternisent pour mieux les humilier et alimenter le discours officiel, en particulier après les propos racistes, discriminatoires et hostiles tenus par les plus hautes instances du pouvoir”.

Les revendications de l’AMSV
L’AMSV appelle à « la non à la criminalisation de l’immigration et à la solidarité humaine ».
Au Maroc, la situation reste tout aussi problématique. L’AMSV appelle à une “révision complète de la loi 02/03 relative à l’entrée et au séjour des étrangers au Royaume du Maroc et à l’immigration”. Elle préconise l’adoption d’une “loi marocaine sur l’immigration et l’asile dans une logique participative, garantissant le respect et la protection de tous les droits et de la dignité humaine des réfugiés et des migrants, tels que stipulés dans les conventions internationales relatives aux droits de l’homme”. L’association demande également que soient mis fin à “toutes les violations, discriminations et formes de racisme dont ils sont victimes aux frontières européennes”.

Photo crédit : Ed Ou/The Outlaw Ocean Project
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L’Association exhorte par ailleurs “les pays du Sud à cesser toute forme de coopération avec l’Union européenne et ses États membres dans la mise en œuvre de ses politiques sécuritaires et le renforcement des contrôles aux frontières qui entravent la liberté de circulation du sud vers le nord”.
Enfin, l’AMSV enjoint les autorités marocaines à procéder à la “régularisation de la situation administrative de tous les migrants qui le souhaitent” et à une “révision des conditions fixées par les autorités pour la régularisation ou le renouvellement du séjour, qui restent impossibles à remplir”.