Massacre du 24 juin à Nador : L’AMDH rappelle ses revendications

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Le 24 juin 2022, une tragédie s’est produite au poste-frontière de “Barrio Chino” entre la ville de Nador et Melilla occupée. Elle a coûté la vie à au moins 27 migrants et demandeurs d’asile. La section de Nador de l’Association marocaine des droits humains (AMDH) rappelle ses revendications de justice et de vérité. Les détails.

À l’occasion du troisième anniversaire du massacre du 24 juin 2022, la section de Nador de l’Association marocaine des droits humains commémore « l’une des pires catastrophes collectives qu’ait connues la région, et comme l’une des manifestations les plus flagrantes de la violence institutionnelle résultant des politiques sécuritaires répressives dans la gestion de la question migratoire », indique un communiqué de l’AMDH Nador.

« Echec structurel »

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L’ONG revient sur ces évènements et pointe du doigt la responsabilité conjointe du Maroc et de l’Espagne. Il est à noter que cette commémoration est marquée cette année par la libération de quarante neuf détenus condamnés dans le cadre des événements du 24 juin 2022, la liste a été rendue publique par l’AMDH Nador.

Cette commémoration est marquée cette année par la libération de quarante-neuf détenus condamnés dans le cadre des événements du 24 juin 2022.

« Ce qui s’est produit n’était pas le fruit d’un dérapage soudain, mais bien l’expression flagrante d’un échec structurel de l’État marocain à respecter ses engagements internationaux en matière de droits humains », poursuit l’AMDH Nador. Et d’ajouter : « il nous est clairement apparu que les violations n’étaient ni circonstancielles ni individuelles, mais bien structurelles et organisées. Elles s’inscrivent dans une politique publique fondée sur la criminalisation de la migration, et le démantèlement des dispositifs de protection, transformant les populations vulnérables en objets de sécurisation plutôt que de protection ».

L’après 24 juin : Répression tous azimuts

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Le paysage migratoire à Nador a fortement changé depuis 2022. Mais ce même territoire rifain connait la permanence d’une situation d’exceptionnalité en matière de gestion migratoire, avec la domination d’une vision sécuritaire. Les caractéristiques de cette situation sont au nombre de trois points. L’expérience de terrain de la section locale de l’AMDH au cours des trois dernières années, a montré que le contexte politique et sécuritaire postérieur à la tragédie n’a pas évolué vers la reconnaissance des responsabilités ni vers la correction des dysfonctionnements.

« Poursuivre notre combat pour faire éclater la vérité, rendre justice, et garantir que de tels événements ne se reproduisent jamais ».

Première caractéristique : le ciblage des mineurs marocains avec des arrestations massives et expulsions forcées de mineurs et de la jeunesse en migration.

La deuxième caractéristique est l’absence d’accès aux droits élémentaires comme causant des « négligences médicales » de la part des autorités. Troisième caractéristique est l’absence « de reconnaissance du statut de réfugié, et instrumentalisation de la justice pour justifier l’approche répressive », regrette l’AMDH.

« Il n’y a pas de prescription en matière de violations des droits humains »

Six revendications

Dans ce contexte difficile, l’AMDH Nador rappelle ses revendications qui sont au nombre de six points, que nous publions in extenso ci-dessous :

  1. « La révélation immédiate du sort de toutes les personnes disparues lors de la tragédie, et la garantie du droit des familles à l’information et à la l’équité » ;
  2. L’ouverture d’une enquête indépendante et impartiale sur toutes les violations commises avant, pendant et après les faits, avec la mise en cause des responsables ;
  3. La libération des migrants condamnés lors de procès ne respectant pas les garanties fondamentales d’un procès équitable ;
  4. La fin des expulsions forcées et des pratiques humiliantes ;
  5. Le respect par le Maroc de ses engagements internationaux, notamment en ce qui concerne la situation des migrants et des demandeurs et demandeuses d’asile ;
  6. Le rejet de la logique de gardien des frontières délégué par l’Europe.

Enfin, l’AMDH rappelle « qu’il n’y a pas de prescription en matière de violations des droits humains, et le massacre du 24 juin demeure le symbole d’un échec grave en matière de droits qui doit être déconstruite et réexaminée, non pas banalisée ni oubliée ».

« Le massacre du 24 juin demeure le symbole d’un échec grave en matière de droits humains »

La section de Nador de l’AMDH s’engage à « poursuivre son combat pour faire éclater la vérité, rendre justice, et garantir que de tels événements ne se reproduisent jamais ».   

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