ADFM : Quarante ans de combat sans concession pour l’égalité

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Quarante ans que l’Association Démocratique des Femmes du Maroc (ADFM) bouscule l’ordre établi, interroge le pouvoir et refuse les compromis faciles. Quarante ans de lutte frontale, de propositions audacieuses et d’actions enracinées, pour faire de l’égalité un pilier indiscutable de la citoyenneté marocaine.

Le samedi 14 juin à Casablanca, l’ADFM a célébré ses 40 ans d’engagement, en organisant une cérémonie réunissant doyennes du mouvement, militantes et militants des droits humains, personnalités politiques ainsi qu’une nouvelle génération de jeunes féministes. Toutes et tous étaient présent·es pour rendre hommage à quatre décennies de lutte acharnée pour les droits et l’égalité des femmes.

Quarante ans d’engagement et de lutte

Depuis sa naissance en juin 1985, l’ADFM avance à contre-courant des conservatismes, avec une boussole claire : l’émancipation pleine et entière des femmes.

Depuis sa naissance en juin 1985, l’ADFM avance à contre-courant des conservatismes, avec une boussole claire : l’émancipation pleine et entière des femmes. Portée par des pionnières comme Nouzha Skalli, Rabéa Naciri et Amina Lamrini,toutes issues du Parti du Progrès et du Socialisme, l’ADFM s’impose dès ses débuts comme une actrice incontournable du féminisme marocain moderne. À travers ses plaidoyers, elle ne cesse de mettre à nu les angles morts des lois, d’alerter sur les discriminations persistantes et de pousser les décideurs dans leurs retranchements.

« Quarante ans de lutte, c’est quatre décennies, et chaque décennie apporte son propre contexte et ses nouveaux défis. L’ADFM a évolué dans sa structure organisationnelle, dans sa charte interne, ainsi que dans ses champs d’action. »

« Quarante ans de lutte, c’est quatre décennies, et chaque décennie apporte son propre contexte et ses nouveaux défis. L’ADFM a connu une évolution constante. Elle a évolué dans sa structure organisationnelle, dans sa charte interne, et aussi dans ses champs d’action. Nous avons œuvré pour la réforme des lois et travaillé sans relâche à l’institutionnalisation de l’égalité entre les sexes. » explique, Amina Lotfi, présidente de l’ADFM.

Loin d’un militantisme symbolique, l’ADFM a fait de l’approche genre une grille de lecture incontournable des politiques publiques. Elle milite avec constance pour l’égalité dans les droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels. Dans ses combats, elle lie le terrain au législatif, la formation à l’action, l’éducation citoyenne au changement de mentalités. Toujours sans renier son indépendance.

Sur le front juridique, elle ne relâche pas la pression. Le Code pénal, qu’elle juge saturé de logiques patriarcales, reste au centre de ses critiques. L’absence prolongée de l’Autorité pour la parité, pourtant promise par la Constitution, incarne pour elle une carence démocratique grave. Quant à la réforme du Code de la famille, elle refuse les simulacres de consensus : toute avancée doit être ancrée dans les réalités actuelles du pays, non dans les compromis dictés par des forces rétrogrades.

« Il y  eut des moments durs,  et des moments forts : la réforme du Code de la famille en 2004, ou encore l’adoption de la Constitution de 2011 qui inscrivit l’égalité entre les sexes et la primauté des engagements internationaux »

« Quand on examine le chemin parcouru, on ne peut qu’être satisfaites, malgré les difficultés. Il y eut des moments durs, mais aussi des moments forts : la réforme du Code de la famille en 2004, ou encore l’adoption de la Constitution de 2011 qui a inscrit l’égalité entre les sexes et la primauté des engagements internationaux», souligne Amina Lotfi.

 « Aujourd’hui, les avancées sont trop lentes, néanmoins nous avançons. Les chantiers restent immenses : réforme du Code de la famille, refonte du Code pénal ».

Et d’ajouter : « aujourd’hui, les avancées sont trop lentes, mais nous avançons. Les chantiers restent immenses : réforme du Code de la famille, refonte du Code pénal. Ce que nous portons, c’est un changement de philosophie, en harmonie avec l’esprit de la Constitution et les engagements internationaux du Maroc. » 

Le soutien actif de l’ADFM aux Soulaliyates contribue à une conquête historique : la reconnaissance du droit des femmes à la terre collective.

Le travail de l’ADFM ne se limite pas à la scène législative. Elle est présente sur le terrain, aux côtés des femmes les plus vulnérables, dans les milieux ruraux comme urbains. Son soutien actif aux Soulaliyates a contribué à une conquête historique : la reconnaissance du droit des femmes à la terre collective. Un combat qui ne s’est pas joué dans les coulisses institutionnelles seulement, mais aussi dans les formations, les campagnes de sensibilisation et les mobilisations communautaires.

Quarante ans plus tard, l’ADFM ne célèbre pas. Elle continue. Car tant que les lois reproduisent les dominations, tant que les inégalités structurent la société, tant que la parole des femmes reste marginalisée, le combat reste entier.

Force collective, lutte constante

Lors de cette conférence-anniversaire, les pionnières de l’ADFM ont rappelé qu’au fil des années, l’association n’a cessé d’élargir son action et de renforcer ses ancrages.« Consciente que les grandes batailles ne se mènent jamais en solitaire, elle a su tisser des liens durables et bâtir des alliances féministes à l’échelle nationale, maghrébine, africaine et internationale ». De nombreuses coalitions ont vu le jour grâce à son engagement, renforçant ainsi la force collective des luttes pour l’égalité.

Mais malgré ce parcours jalonné de victoires, l’heure n’est pas à l’autosatisfaction. Loin de là. Pour l’ADFM, le constat reste amer : « les inégalités résistent, les blocages structurels perdurent, et les écarts entre les discours politiques et la réalité vécue par les femmes sont toujours béants ». Les stratégies nationales censées promouvoir l’égalité sont souvent « lentes, mal appliquées, voire vidées de leur sens ».

Face à l’évolution constante du contexte social et politique, l’ADFM adapte ses méthodes et élargit son combat en impliquant les nouvelles générations. Comme le souligne Amina Lotfi :

« Actuellement, nous travaillons beaucoup sur l’intergénérationnel, sur l’implication des associations de jeunes, de manière à ce que nous puissions faire des actions conjointes ».

« Nous avons des actions différentes. Pour y arriver, nous travaillons, et  encore heureux  car le contexte continue d’évoluer. Actuellement, nous travaillons beaucoup sur l’intergénérationnel, sur l’implication des associations de jeunes, de manière à ce que nous puissions faire des actions conjointes en termes de plaidoyer et de promotion et protection des droits des femmes. »

Ce quarantième anniversaire est donc bien plus qu’une commémoration : c’est une piqûre de rappel. Car l’égalité ne s’offre pas en cadeau elle s’arrache, elle se construit, pas à pas, jour après jour. Dans cette lutte de fond, l’ADFM persiste, avec une voix qui dérange parfois, mais qui ne flanche jamais. Une voix essentielle, sans laquelle les droits durement acquis peuvent à tout moment être effacés, affaiblis ou compromis.

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